Il aura fallu attendre un mois pour avoir le bilan des dégâts d’ours avec certaines approximations laissant supposer des améliorations de la situation.
Le titre du tableau présenté par la DREAL Midi-Pyrénées « Bilan sur les dommages d’ours sur le massif des Pyrénées au 31 août 2015 » est inexact. Ce bilan ne concerne que les Pyrénées françaises et il ne peut être que provisoire. La partie espagnole, où se situent la majorité des ours, notamment le Val d’Aran et l’Alt Aneu, n’est pas prise en compte dans les chiffres fournis.
La DREAL précise : « La présente note a été établie à partir des informations fournies par les directions départementales des territoires du massif et le Parc National des Pyrénées. Les données sont collectées de façon identique depuis 2006 ce qui autorise des comparaisons inter-annuelles ». S’il est exact que la collecte des données est la même depuis 2006, ces données font abstraction du déplacement de la majorité de la population d’ours vers le sud, c’est-à-dire l’Espagne, et le fait que dans cette partie de l’Espagne, l’élevage ovin est beaucoup moins développé que sur le versant français. La comparaison est donc assez incertaine.
Après les observations ci-dessous, les commentaires de la DREAL est assez étonnant. Il est indiqué que : « Après une tendance générale à la stabilisation des dommages imputés à l’ours ces dernières années, le bilan au 31 août 2015 affiche une diminution des dommages avec 57 dossiers imputés à l’ours pour 79 animaux indemnisés. On note également 4 ruches indemnisées à ce jour. Ces données ne constituent à l’heure actuelle qu’une tendance et sont bien évidemment à prendre avec précaution, tant que la saison d’estive n’est pas achevée. Il faudra attendre la fin de l’année pour pouvoir comparer réellement les chiffres 2015 avec ceux des années précédentes ». Il faut également préciser que plus on classe de dossier en catégories incertaines pour valider par la suite en CIDO (Commission d’Indemnisation des Dégâts d’Ours), on réduit le nombre de prédations de l’ours afin de rendre la statistique politiquement plus correcte. Ce phénomène n’est pas nouveau. Par ailleurs nous notons également une certaine lassitude chez certains éleveurs à déclarer une prédation qui est source de perte de temps pour un résultat incertain établi selon des critères et une méthodologie qui n’ont jamais cessés d’étonner.
Comparer aux dégâts des loups qui ont fait en 2014 plus de 9000 victimes en France, les dégâts des ours apparaissent ridicules. Ce n’est pas pour autant que l’acceptation sociale des ours est au rendez-vous. Il faut également préciser que la majorité des ours sont localisés en Espagne et qu’ils sont 10 à 15 fois moins nombreux que les loups. Qu’en serait-il s’il y avait 250 ours sur le versant français des Pyrénées ?
Louis Dollo