Le lithium, surnommé « l’or blanc » de la transition énergétique, est au cœur des discussions mondiales. Bien que de nombreux pays détiennent d’importantes réserves, la question de son extraction et de sa valorisation demeure un défi économique majeur.
Le dilemme entre extraction et traitement
Posséder un trésor de lithium est une chance inouïe dans un monde où la demande explose, notamment pour les véhicules électriques et le stockage de l’énergie solaire. Cependant, posséder le métal dans le sol ne garantit pas sa transformation en richesse. C’est ce qu’un certain nombre de pays, dont le Mexique, ont compris. Le pays a tenté de nationaliser ses ressources en lithium, espérant ainsi garder les bénéfices de cette ressource précieuse à l’intérieur de ses frontières. Le plan était ambitieux : développer une capacité locale, attirer des fabricants de voitures électriques et profiter de la demande mondiale, notamment boostée par les incitations américaines en faveur de l’énergie verte.
Malheureusement, la réalité est bien plus complexe. De nombreuses entreprises privées ont hésité à s’associer à ce modèle étatique, où les profits sont partagés et les réglementations multiples. Résultat, l’extraction du lithium n’a quasiment pas avancé.
Le Chili face à un dilemme similaire
Plus au sud, le Chili, qui abrite certaines des plus grandes réserves de lithium au monde, se trouve à un carrefour similaire. Le gouvernement a annoncé des plans exigeant une participation majoritaire de l’État dans tout nouveau projet d’extraction de lithium. Une décision qui, bien que politiquement compréhensible, a secoué les investisseurs. Comme l’a souligné Robert Friedland, PDG d’Ivanhoe Mines, dans une interview : « L’argent est une créature peureuse. Il fuit au premier signe de trouble ». Ce commentaire résume bien le comportement des capitaux internationaux, qui recherchent stabilité et confiance avant d’investir. Et dans un secteur comme celui du lithium, où il peut falloir jusqu’à dix ans pour qu’une mine atteigne sa pleine production, cette stabilité est cruciale.
Un marché en forte demande
La demande de lithium est en pleine explosion, particulièrement en Chine et en Europe, où la transition vers des véhicules électriques est en cours. Pourtant, des réserves majeures restent inexploitées, non pas parce qu’elles sont inaccessibles, mais à cause de l’incertitude des conditions d’investissement. Bien que les prix du lithium aient baissé par rapport à leurs records, ils restent largement supérieurs à la moyenne historique. Les analystes de Morgan Stanley préviennent même d’une possible pénurie de 22 % d’ici 2030 si de nouveaux projets ne se lancent pas rapidement.
Dans ce contexte, la Chine continue de dominer le marché, vendant des véhicules électriques par millions et sécurisant des contrats de lithium à l’échelle mondiale. Pour se protéger contre les fluctuations du marché, certains constructeurs automobiles ont commencé à nouer des partenariats directs avec des entreprises minières pour garantir leur approvisionnement en lithium.
L’énigme du lithium inexploité
L’ironie est frappante : des pays possédant d’immenses gisements de lithium ne peuvent pas en tirer tous les bénéfices possibles. La prudence politique, le nationalisme économique ou même la bureaucratie semblent empêcher une exploitation optimale de cette ressource vitale. Le monde a besoin de plus de lithium, mais une grande partie des réserves reste enterrée sous terre, faute de conditions propices à l’investissement.
La véritable question pour les pays riches en lithium n’est plus « Avons-nous suffisamment de lithium ? » mais plutôt « Comment le transformer en valeur à long terme sans effrayer les investisseurs ? ». Pour le reste du monde, la course pour sécuriser cette ressource cruciale ne fait que s’intensifier.