Perdue au cœur de l’océan Indien, North Sentinel est une île qui intrigue autant qu’elle effraie. Isolée depuis des millénaires, elle est habitée par une tribu farouchement hostile à toute intrusion extérieure. Cette population, les Sentinelles, a résisté à toute forme de contact avec le monde moderne et défend son territoire avec une détermination absolue.
Une île hors du temps, interdite d’accès
North Sentinel fait partie des îles Andaman, un archipel sous administration indienne situé dans la baie du Bengale. Contrairement aux autres îles de la région, ouvertes au tourisme, celle-ci est formellement interdite d’accès.
Les Sentinelles vivent en totale autarcie depuis environ 60 000 ans. Leur mode de vie est resté inchangé, basé sur la chasse, la pêche et la cueillette. À ce jour, aucun contact pacifique n’a été établi avec eux, et les rares tentatives de communication se sont soldées par des attaques.
Face à leur hostilité et au danger qu’ils représentent pour les visiteurs, l’Inde a instauré une zone de protection de 9,3 kilomètres autour de l’île. Toute tentative d’approche est non seulement risquée, mais aussi punissable par la loi, afin de préserver l’isolement de cette tribu et d’éviter toute transmission de maladies auxquelles elle n’a jamais été exposée.
Une tribu qui défend farouchement son territoire

Les rares intrusions sur North Sentinel ont systématiquement déclenché des réactions violentes. Les Sentinelles n’hésitent pas à tirer des flèches sur les bateaux qui s’approchent ou à attaquer toute personne qui met le pied sur leur sol.
L’un des incidents les plus marquants remonte à 2006, lorsque deux pêcheurs indiens ont dérivé trop près de l’île après s’être endormis dans leur embarcation. À leur réveil, il était déjà trop tard : ils ont été tués, et leurs corps n’ont jamais pu être récupérés.
La visite fatale d’un missionnaire

Malgré ces avertissements, certaines personnes ont tenté de s’introduire sur l’île, souvent au péril de leur vie. L’exemple le plus connu est celui de John Allen Chau, un missionnaire américain de 26 ans, qui a défié l’interdiction en 2018.
Fasciné par l’idée d’évangéliser la tribu, il a soudoyé des pêcheurs pour qu’ils le déposent à environ 700 mètres du rivage. Lors de sa première tentative d’approche, il a offert des cadeaux aux Sentinelles, mais n’a reçu en retour que des regards hostiles.
Lors de son deuxième essai, un jeune membre de la tribu lui a tiré une flèche à pointe métallique, qu’il a miraculeusement esquivée.
John Allen Chau n’a pas renoncé. Il est retourné une dernière fois sur l’île, seul. Cette fois-ci, il n’est jamais revenu. Les pêcheurs qui l’avaient aidé affirment avoir aperçu les Sentinelles enterrer son corps près du rivage, mais celui-ci n’a jamais été retrouvé.
Une île protégée par la loi et la nature
North Sentinel reste aujourd’hui l’un des lieux les plus inaccessibles au monde. Outre la menace que représente la tribu, l’île est entourée de récifs coralliens dangereux, empêchant tout accostage facile.
L’Inde, consciente de la fragilité de cette culture ancestrale, a cessé toute tentative de contact et applique une politique stricte de non-intervention. Non seulement pour protéger les Sentinelles, mais aussi pour éviter tout risque de contamination, car ils n’ont jamais été exposés aux maladies modernes.
Cette île demeure ainsi un véritable mystère, un vestige du passé humain resté figé dans le temps. North Sentinel fascine, mais rappelle aussi que certaines cultures doivent être respectées dans leur isolement, loin des influences extérieures.