Chamonix, rien ne sera plus jamais comme avant

La Coupe du monde de vitesse et de plomb s'est déroulée à Chamonix, en France, le week-end dernier et a été remportée respectivement par Ai Mori et Colin Duffy, et par Zhang Shaoqin et Sam Watson. Fabio Palma rapporte

Autrefois, Chamonix était LA compétition, pour les spectateurs comme pour les athlètes, et aucun des meilleurs mondiaux n'aurait osé la manquer. Mais les plus grands noms de l'escalade sportive ont brillé par leur absence : Garnbret, Schubert, Megos, Kalucka, Miroslaw, Hunt, Anraku, Narasaky, Desak, Grossman, Rabatou, Seo… la liste est longue et montre clairement qu'ils avaient d'autres priorités. Avant de tenter d'expliquer pourquoi, voici les résultats.

Après les qualifications annulées et finalement reportées vendredi, l'épreuve de vitesse a été suivie par au moins 10 000 spectateurs et le spectacle était saisissant. Dès le début, Matteo Zurloni, avec le nouveau détenteur du record d'Europe avec un chrono de 4″97, semblait donner du fil à retordre au détenteur du record du monde Samuel Watson, mais dans les affrontements en tête-à-tête, Zurloni a commis trop d'erreurs et s'est arrêté, tandis que l'Américain s'est imposé facilement, remportant finalement l'or après avoir battu le Chinois Wang Xinshang, qui a dû se contenter de l'argent. En vérité, tous deux ont glissé et se sont repris en finale, affichant des temps de 6.24 pour Watson et 7.76 pour Wang. La troisième place et la médaille de bronze sont revenues à l'Espagnol Erik Noya Cardona qui a profité d'une glissade et d'une chute du Japonais Omasa Ryo dans le match pour la médaille de bronze.

Chez les femmes, une autre athlète chinoise a fait un bond spectaculaire en un mois : cette fois, il s'agit de Shaoqij Zhang, qui signe une série de chronos qu'elle n'avait jamais réussi à égaler par le passé. Comment les Chinoises passent-elles de 3 à 5 dixièmes de seconde en seulement 30 jours ? C'est la question que tout le monde se posait, y compris l'une des plus grandes joueuses non qualifiées pour les JO de Paris, Natalia Kalucka, qui a terminé deuxième. La Sud-Coréenne Jeong Jimin complète le podium en décrochant la médaille de bronze, son deuxième podium après celui de Wujiang en début de saison. Jeong a battu la Chinoise Wang Shengyan dans la petite finale avec un temps de 6.64 contre 7.33 pour Wang.

Français Chez les femmes, la finale a été décidément ennuyeuse et manifestement trop facile, avec Ai Mori remportant finalement sa quatrième médaille d'or en carrière devant Jessica Pilz qui s'est contentée de l'argent pour la dixième fois de sa carrière. Les deux athlètes ont dominé le parcours et Mori a obtenu l'or grâce au décompte des points grâce à sa meilleure performance en demi-finale. La troisième place est revenue à Kotake Mei qui a remporté le bronze avec un score de 44+, le même point culminant que la favorite locale Zélia Avezou qui a glissé à la quatrième place en raison du décompte des points. L'Autrichienne de 16 ans Flora Oblasser a réalisé sa meilleure performance à ce jour, terminant avec un score de 42+, avec sa coéquipière Mattea Pötzi et les deux ont une fois de plus été séparées par leur résultat en demi-finale. Avec un score de 41+, l'Américaine Anastasia Sanders et la Slovène Mia Krampl ont complété le classement final en terminant respectivement septième et huitième.

Voyons maintenant pourquoi une compétition aussi prestigieuse que Chamonix est devenue l'esclave des Jeux Olympiques. Je vais me lancer et poser la question : que se passe-t-il donc dans l'escalade ?

Chamonix est l'une des compétitions les plus prisées et les plus courues, l'année dernière les finales de vitesse et de difficulté ont été suivies par 8000 personnes (sur la base de mon expérience des concerts…) ou 15000 (selon les intervenants), cette année un total de 45 000 personnes ont assisté à Cham pendant le week-end ! Sachant qu'une finale italienne de basket ou de volley ne rassemble pas autant de monde, on comprend pourquoi, en France, l'escalade a de nouveau dépassé le football en termes de nombre de personnes qui la pratiquent. N'oublions pas que c'est dans ce pays qu'en 1985 Patrick Edlinger a été proclamé sportif de l'année, devant Michel Prost et Michel Platini…

Mais ces dernières années, même une compétition grandiose comme celle de Chamonix, avec ses innombrables athlètes de 9a/b mêlés aux touristes et randonneurs admirant les meilleurs du monde, doit composer avec la présence fantomatique des Jeux olympiques. Et ce, sur le sol français. Les rares qualifiés pour Paris 2024 sont pleinement concentrés sur le véritable objectif, tandis que tous les grands athlètes qui n'ont pas réussi à se qualifier voient la Coupe du monde comme une chance de rédemption et comme la compétition de leur vie.

En réalité, une étape de Coupe du monde n'est jamais une étape unique, comme une tentative en falaise n'est jamais finie. En revanche, la tension ressentie et vue à Budapest il y a quelques semaines, où certains des meilleurs s'effondraient en larmes après la compétition, n'existe tout simplement pas ici. C'est une grande fête, où le niveau d'entrée pour une demi-finale est de 8c à vue pour les hommes et de 8b/8b+ pour les femmes, et des temps balistiques pour la vitesse, qui s'est transformée en une succession de blocs de 15 mètres de haut. Ceux qui n'atteignent pas la demi-finale ou la finale sont déçus, bien sûr, mais l'étape de Briançon se déroule dans moins d'une semaine, et il n'y a pas à attendre encore 4 ans comme aux JO. Bref, il manque tout le drama qui sent l'athlétisme américain ou les sélections de natation et tout l'aspect psychologique.

A Chamonix, les athlètes qui ont décidé de participer ont grimpé de manière beaucoup plus fluide, tous sauf Mori qui est en fait toujours extrêmement fluide. Aujourd'hui, en vitesse, il y a dix athlètes redoutables capables de grimper plus vite que 5″, il y a deux ans, le record était de 5″20. Chez les femmes, 15 peuvent aller plus vite que 7″, en 2021, il n'y en avait que deux. Le niveau des compétitions a augmenté drastiquement en 2023, l'année pré-olympique… C'est parce que la préparation athlétique et technique est devenue encore plus ciblée. Même un mois de trop en falaise, dans un cycle d'entraînement dédié de deux ans, est désormais, comme dans tous les autres sports olympiques, un vide presque impossible à combler.

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