En 2002, une mission d’information du Sénat sur la politique de la montagne publiait le rapport dit « Amoudry », du nom de son rapporteur. L’an dernier, les sénateurs André Vairetto et Hélène Masson Maret ont été chargés de l’actualiser. C’est dans ce cadre que Mountain Wilderness et CIPRA France ont été entendus par la Commission du développement durable du Sénat au début de décembre 2013. Leur rapport vient d’être rendu public. Intitulé « Patrimoine naturel de la montagne : concilier protection et développement », il tient compte d’une évolution des mentalités et des nouvelles contraintes climatiques et économiques, ce qui est pour le moins normal et le rend beaucoup plus équilibré que le rapport ‘Amoudry’ de 2002.
Comme son prédécesseur, ce rapport sénatorial se présente sous la forme d’une liste pointant un certain nombre de propositions mais ne vise pas à une vue synthétique autour de la thématique. Il ne permet donc pas d’élaborer des orientations globales pour une politique de la montagne comme l’avait fait en 2010 celui des inspecteurs généraux sur le thème de la révision de la loi « montagne ».
Si l’intégralité de nos propositions n’a pas été retenue, nous pouvons constater avec plaisir que certaines de nos idées ont été entendues par les rapporteurs. Nous vous proposons de découvrir les propositions que nous validons en téléchargeant le pdf « Analyse des propositions du rapport sénatorial 2014 sur la montagne ».
Quelle possible mise en œuvre ?
La réponse des sénateurs à cette question se trouve dans les débats qui ont suivi la présentation du rapport à la commission. Ces derniers ne sont pas optimistes à ce sujet. Citons pour exemple M. Charles Revet : « Je profite de cette intervention pour vous interpeller, Monsieur le Président, sur l’absence de suivi de nos rapports. Je suis marri de voir que malgré notre volonté de changer les choses, l’administration ne tient pas compte des propositions qui figurent dans les rapports parlementaires. Comment pouvons-nous collaborer avec la Cour des Comptes pour s’assurer que nos préconisations seront suivies d’effet ? ».
Espérons qu’il en sera autrement cette fois-ci !
En guise de conclusion
Le compte rendu de l’examen en commission donne les éclairages sur la philosophie de ce rapport.
« Notre première conviction est que ce patrimoine naturel, s’il est bien sûr la propriété des populations qui y vivent et y travaillent, peut aussi être considéré, par sa richesse exceptionnelle, comme un bien appartenant à la Nation tout entière. » y lit-on, ou encore : « L’amplitude du phénomène global de réchauffement climatique nous a été confirmée par Jean Jouzel, lorsque celui-ci est venu présenter devant notre commission, le cinquième rapport d’évaluation du GIEC ». De même, le rapporteur Vairetto, sur la question du développement des stations :« Depuis des années les stations sont engagées dans une fuite en avant : elles construisent toujours plus pour assurer leur fréquentation. Je suis favorable à un ‘Grenelle de l’immobilier touristique en montagne’, qui mettrait tous les acteurs autour de la table dans une perspective de développement durable. Il est devenu urgent de passer de la construction à la réhabilitation, puis à l’exploitation. »
Il est heureux de constater que nos édiles prennent enfin compte de la réalité de la situation. S’il est probable que ce rapport ne change pas la face des choses au moins à court terme, il montre néanmoins que les idées portées par nos associations se diffusent dans l’esprit des élus. C’est un encouragement à continuer, sans cesse, notre travail.
Consultez le rapport « Patrimoine naturel de la montagne : concilier protection et développement »
Consultez le document « Analyse des propositions du rapport sénatorial 2014 sur la montagne »
Source : Mountain Wilderness