Elisabeth Revol à Tomek Mackiewicz : « J’ignore le moment ou tu as franchi la ligne extrême »

C’est un message poignant que vient de publier sur sa page Facebook l’alpiniste Elisabeth Revol. Un message d’adieu à son compagnon de cordée Tomek Mackiewicz.

« Ma tête reste accrochée à Tomek, au Nanga et à ces émotions vécues là haut avec lui puis sans lui » dit-elle.

« Tomek était l’un des hommes les plus libres et des plus indépendants que je connaisse. Il était hors normes. L’himalayisme qu’il pratiquait sur le Nanga en hiver était son art de vivre… ».

« Il a osé se confronter aux vertiges du choix. À la veille de ses 35 ans, après plusieurs années d’introspection, de réflexions… » Et de l’écrire une fois pour toute : « Tomek avait décidé librement d’être LIBRE… »

« Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à te perdre »

Plus loin, on peut lire quelques informations sur l’aventure tragique vécue à deux. « J’ignore le moment ou tu as franchi la ligne extrême : si j’avais pu percevoir ce signe. Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à te perdre, à quel moment tu as franchi le point de non retour, si toi-même, tu l’a senti ?

90 mètres au dessous du sommet, tu étais encore très bien. Ensuite, on a peu parlé, mais pas moins ou pas plus qu’avant. On grimpait comme ça, concentré… je ne sais pas encore comment tout cela s’est passé pour qu’aujourd’hui on se dise adieu ».

« On savait tous les 2 qu’on n’avait pas le droit à l’erreur »

Et de continuer. « Tu étais un homme au grand cœur et tu t’es battu jusqu’au bout pour redescendre le plus bas possible pour me sauver la vie. Je te dois ma vie à toi en premier, Tomek, car si tu n’avais pas eu la force et le courage de te battre pour redescendre à 7280 m pendant cette nuit glaciale, inhumaine, en mode survie, du 25 au 26 janvier, je ne serais plus là, mais je serais avec toi… On savait tous les 2 qu’on n’avait pas le droit à l’erreur, on l’acceptait. Si l’un franchissait sa limite, l’autre basculait… »

Le 12 février déjà, 15 jours à peine après les faits, l’alpiniste remerciait les nombreux participants à l’opération de sauvetage hors norme qui avait permis sa survie. Ce sauvetage spectaculaire sur le Nanga Parbat (8.126 mètres), la « montagne tueuse », avait été entrepris avec succès par un groupe d’alpinistes polonais.

Sur réquisition de l’armée pakistanaise, après les appels de détresse lancés par Elisabeth Revol et Tomek Mackiewisz, ils s’étaient retrouvés héliportés jusqu’au Nanga Parbat. Sitôt arrivés, les deux hommes avaient escaladé en huit heures plus de 1.000 mètres de dénivelé en pleine nuit.

Après avoir retrouvé la française, en attendant le jour, ils avaient évoqué la possibilité d’aller récupérer le partenaire de cordée d’Elisabeth Revol, resté bloqué bien plus haut. Avant de renoncer.

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