Il y a plus de dix ans, en 2013, Elon Musk lançait une promesse révolutionnaire avec son projet Hyperloop : un train subsonique capable de voyager à des vitesses incroyables, reliant les grandes villes en un clin d’œil. Depuis, le concept a suscité un intérêt mondial, y compris en France, où plusieurs collectivités ont cru en la faisabilité de cette innovation. Pourtant, plus de dix ans après, l’Hyperloop demeure un projet dans les cartons, avec peu de réalisations concrètes à son actif. Pourquoi cette « révolution » n’a-t-elle pas eu lieu ? Réponse à travers l’histoire de cette aventure à la fois fascinante et frustrante.
Trois projets lancés en France… mais aucune avancée concrète
L’Hyperloop n’a pas laissé indifférents les décideurs français. Des collectivités comme Toulouse Métropole et la région Occitanie ont mis des moyens à disposition pour soutenir l’initiative. En 2017, un centre de recherche était ainsi installé sur l’ancienne base militaire de Francazal, avec la promesse d’une liaison entre Toulouse et Montpellier en 24 minutes. Cela a inclus des subventions et des crédits d’impôt pour encourager la recherche et le développement. Une autre expérimentation avait eu lieu à Droux, en Haute-Vienne, où une petite startup canadienne, TransPod, avait lancé un site expérimental avec l’aide de la région Nouvelle-Aquitaine.
Cependant, bien que ces projets aient attiré l’attention et l’argent public, la réalité n’est pas aussi brillante. Les travaux à Droux ont essuyé des retards, et la fameuse piste d’essai a été réduite à un kilomètre seulement, contre trois prévus initialement. Et bien que le projet d’origine prévoyait une livraison pour 2019, 2025 est désormais le nouveau horizon, sans que le moindre chantier ne soit réellement lancé.
Un concept prometteur, mais une mise en œuvre impossible ?
Le principe de l’Hyperloop repose sur une technologie hybride combinant la fission nucléaire et l’innovation en matière de transport, où des capsules sont propulsées à travers des tubes à basse pression à des vitesses supersoniques. Si la promesse d’un tel système semblait fantastique, sa mise en pratique a rencontré des défis énormes. L’un des principaux obstacles est la nécessité d’installer une infrastructure linéaire sur de longues distances. La France, avec son relief varié, se trouve loin d’être adaptée à ce type de projet, qui fonctionne mieux dans des espaces plus vastes et moins montagneux, comme ceux des États-Unis.
De plus, maintenir ces tubes sous vide, une condition essentielle pour garantir la vitesse du système, demande une quantité d’énergie considérable, ce qui pose des questions sur la durabilité et l’impact écologique d’une telle entreprise. Jean-Louis Pagès, conseiller régional en Nouvelle-Aquitaine, a d’ailleurs qualifié le projet de désastre environnemental, soulignant que cela accentuerait la désertification des villes moyennes et des campagnes françaises.

La véritable intention de Musk : faire échouer le TGV californien
Alors que certains croient encore en la promesse de l’Hyperloop, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la supercherie. Selon Ashlee Vance, biographe d’Elon Musk, l’Hyperloop n’aurait jamais été conçu pour voir le jour. Selon lui, Musk n’a jamais eu l’intention de concrétiser ce projet. Il aurait plutôt conçu cette idée dans le seul but de saborder le projet du TGV californien, un train à grande vitesse financé par des fonds publics. Musk, qui déteste l’idée de ce projet de train à grande vitesse en Californie, l’aurait donc proposé dans l’espoir de semer le doute et de détourner l’attention publique.
Aujourd’hui, les travaux du California High-Speed Rail (CAHSR) sont dans une impasse, et Musk, qui dirige désormais le ministère de l’Efficacité gouvernementale (Doge), semble bien déterminé à freiner ce projet. Il a d’ailleurs exprimé sa frustration sur son compte X en qualifiant le projet de « gaspillage » de fonds publics, pointant du doigt les années de travaux sans aucun résultat concret.
L’Hyperloop, une promesse toujours aussi floue
Malgré des milliards d’investissements, l’Hyperloop reste un mirage. Après plus de 10 ans de recherche et de prototypes, ce projet colossal semble de plus en plus difficile à concrétiser. Le concept fait rêver, mais les réalités pratiques, économiques et écologiques ne cessent de rappeler les limites d’un tel système. En 2023, un rapport gouvernemental révélait que la majorité des projets de transports futuristes initiés par Elon Musk étaient soit retardés, soit abandonnés. L’Hyperloop, à l’heure actuelle, n’échappe pas à cette règle.
En conclusion, Elon Musk, avec son Hyperloop, aura marqué l’histoire des transports par une promesse de révolution, mais aussi par un échec retentissant. Tandis que le monde entier attendait avec impatience une avancée technologique majeure, l’Hyperloop semble aujourd’hui être plus un gouffre financier qu’une véritable révolution. Si l’on en croit les propos de son biographe, l’objectif n’a jamais été de construire ce train du futur, mais de jouer avec la perception publique et d’influencer les décisions politiques. Pour l’instant, les promesses restent vaines, et les milliards investis semblent tout aussi éphémères que les tubes d’air du projet.