Interview : Guillaume Glairon-Mondet

On ne présente plus Guillaume Glairon-Mondet, il est l’un des meilleurs bloqueurs Français. A son palmarès, plusieurs victoires en coupe du monde et un titre de champion de France en 2012. Le garçon s’exprime aussi à merveille sur le cailloux de Fontainebleau, il y a réalisé de nombreux blocs classiques.

C’est à quelques jours des selections pour les mondiaux de Bercy que nous avons rencontré Guillaume, venu prendre du bon temps au Natural Games. Nous avons saisi l’occasion pour revenir avec lui sur sa grosse perf de cet hiver, il réalisait la première ascencion de ‘Le pied à coulisse’ 8C+. A 29 ans il envisage la compétition avec plus de légereté, il nous à confié son envie de faire évoluer sa pratique et de monter une salle de grimpe.

Kairn : Qu’est-ce qui t’as motivé à venir aux Natural Games cette année ?

Guillaume Glairon-Mondet : J’avais entendu dire que c’était un super évènement, et cette année mes résultats en compétitions commençaient à baisser un peu donc je me suis dit que c’était l’heure d’en profiter pour faire un tour aux NG !

Kairn : Tu es un peu moins présent sur le circuit international cette année, est-ce que ton rapport à la compétition a changé ?

GGM : Non je ne pense pas. J’ai énormément réfléchi sur ce qui pouvait être moins bien dans ma grimpe en compétition. Je pense que c’est le style d’escalade qui à évolué plus vite que moi, dans les blocs physiques basiques je m’en sors très bien, mais tous les blocs de coordination avec des volumes me posent plus de problèmes. Avant j’avais un peu la marge, donc même si j’étais moins forts que les autres dans ce style je m’en sortais en jouant sur d’autres qualités, mais maintenant les écarts se resserrent.

Kairn : Que penses-tu que l’évolution du style d’ouverture dans les compétitions de bloc apporte à notre sport ?

GGM : Ça apporte du spectacle tout simplement. De nos jours les grimpeurs sont de plus en plus forts dans les différents styles, il est normal que ces styles évoluent. Le style actuel est plus visuel et donc plus plaisant pour le public, le travail des grimpeurs est de s’adapter et d’arriver en haut du bloc quoi qu’il arrive donc ça ne change pas le jeu pour moi.

Kairn : On est à deux pas des Gorges du Tarn, l’un des plus beaux sites sportif de France, est-ce que tu comptes aller y faire un tour ?

GGM : Pas ce week-end non. On a la sélection de l’équipe de France en vue des Championnats du monde de Bercy dans quelques jours donc je vais plutôt m’économiser. Par contre si je reviens l’année prochaine pourquoi pas !

Kairn : Cet hiver tu as établi un des blocs les plus durs du monde (Le pied à coulisse 8C+), quelle influence cela a eu sur ta vie de grimpeur ?

GGM : Ca m’a énormément fatigué mais en même temps j’ai appris beaucoup de choses sur moi. Le fait d’ouvrir un nouveau bloc est un processus très long pour moi. J’ai passé longtemps à ne pas évoluer dans le bloc car je pensais à trop de détails techniques et pas assez à grimper simplement. Maintenant j’ai hâte de pouvoir ouvrir d’autres blocs très durs.

Kairn : Est-ce que tu as déjà des projets d’ouvertures à Fontainebleau ?

GGM : Pas vraiment, il y a plein de bloc à potentiel. Je commence à connaitre pas mal de vieux Bleausards qui connaissent la foret par cœur, avant ce n’était pas le cas et c’est un sacré avantage pour le pas se limiter aux secteurs classiques. Je prendrai plaisir à défricher de nouveaux blocs quelle qu’en soit la cotation finale.

Kairn : Quelle place accordes tu à l’entrainement dans ta vie ?

GGM : J’accorde une place de moins en moins élevée à la préparation physique, sachant que j’ai un excellent entraineur qui s’appelle Thomas Ferry, il me fait des plannings qui me permettent d’arriver en parfaite forme sur les compétitions tout en y consacrant moins de temps. D’autant plus que j’ai encore la marge physiquement par rapport aux autres. Quant à l’entrainement spécifique, j’y accorde presque trop d’importance, j’adore grimper mais du coup je grimpe beaucoup trop. Ce qui fait que je ne suis jamais à mon niveau max, je devrais prendre plus de repos. Je mets vraiment l’accent sur le plaisir, je fais plein de blocs et je ne m’attarde pas sur les blocs qui ne me plaisent pas. Par exemple les blocs sur petites arquées je n’adore pas donc j’en fais peu, par contre des compressions sur plats je peux en faire toute la journée !

Kairn : Maintenant que tes capacités physique ont été repoussée suffisamment, prends-tu plus de temps pour faire de la préparation mentale ?

GGM : J’ai pris du temps pour en faire, quand ça se passait bien en compétition, puis j’ai cessé de travailler avec la personne qui me préparait à l’époque. Et maintenant j’essaye de me débrouiller tout seul mais c’est difficile. Je devrais en refaire, mais Thomas Ferry qui est aussi préparateur mentale est loin et c’est quelque chose pour lequel je veux avoir un contact direct.

Kairn : Quels sont tes objectifs sur l’année qui arrive ?

GGM : Mon objectif c’est les championnats du monde de Bercy. Je mets tout en place pour réussir la sélection qui arrive dans quelques jours. Si je ne me qualifie pas, ce sera plus moins la fin de ma carrière à haut niveau, en tout cas à m’entrainer uniquement dans cette optique. Je continuerais à faire des compétitions, mais je prendrais les choses avec plus de légèreté. En dehors de ça, j’arrive aussi à la barrière des 30 ans et j’ai l’envie de basculer vers une activité plus professionnelle de l’escalade. Avec ma chérie (Mélanie Sandoz) on aimerait pouvoir ouvrir une salle de bloc, c’est à l’état de projet pour l’instant et j’ai hâte de pouvoir y consacrer du temps.

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