Vivre à l’étranger, c’est souvent découvrir des habitudes et des coutumes qui nous semblent étranges, parfois surprenantes. C’est ce qu’a expérimenté Tim Hornyak, un père américain expatrié à Tokyo depuis 20 ans. Dans son témoignage, il partage son expérience du système éducatif japonais, avec une attention particulière portée sur des détails qui frappent le regard d’un parent venant d’une autre culture. Ce récit nous plonge dans la vie scolaire nippone, parfois stricte, mais toujours empreinte de valeurs sociales fortes.
Une expérience d’expatrié : des habitudes étonnantes
Tim Hornyak, père de deux enfants âgés de trois et sept ans, raconte son étonnement face à des pratiques scolaires qu’il ne connaissait pas aux États-Unis. Son fils, qui est scolarisé à l’école primaire, se rend seul à l’école tous les jours. Mais ce qui le frappe encore plus, c’est qu’il est souvent le seul père, ainsi que la seule personne non japonaise, à se rendre à l’école pour récupérer son enfant. Ce détail peut sembler anodin, mais il reflète une réalité culturelle importante : au Japon, ce sont souvent les mères qui prennent en charge ces tâches quotidiennes. Le rôle des pères dans la scolarité semble, selon lui, beaucoup moins visible.
Un respect profond de l’autorité et de la cohésion sociale
Le système éducatif japonais place une grande importance sur le respect de l’autorité et la cohésion sociale. Dans cette culture, les enfants apprennent dès leur plus jeune âge à honorer leurs enseignants, non seulement en écoutant leurs instructions, mais aussi en adoptant des gestes symboliques. Tim Hornyak en donne un exemple concret avec sa fille : chaque matin, elle doit s’incliner devant son institutrice en signe de respect. Ce genre de geste est la norme dans les écoles japonaises et participe à la construction d’une discipline collective. Lors de la « Journée du sport », cet esprit de groupe se manifeste pleinement. Les élèves exécutent des danses synchronisées, participent à des courses et des jeux d’équipe, et apprennent à coopérer sous la direction de leurs enseignants. Un des enseignants de l’école primaire de son fils, par exemple, dirigeait les élèves depuis une plate-forme, semblable à celle d’un sergent instructeur, renforçant ainsi la hiérarchie et l’autorité.
L’apprentissage du nettoyage : une pratique éducative à part entière
Un autre aspect fascinant de l’éducation japonaise est l’implication des élèves dans le nettoyage des salles de classe et des espaces communs. Ce moment, connu sous le nom d’Osouji Jikan (le temps de nettoyage), est pris très au sérieux. Chaque jour, les élèves participent à l’entretien de leur école, une habitude qui leur enseigne non seulement la responsabilité, mais aussi le respect de l’espace collectif. Tim Hornyak explique que dans l’école de son fils, chaque élève a une tâche précise, comme balayer ou vider les poubelles. Ce n’est pas tout : les élèves distribuent également les repas à leurs camarades, une tâche qui, selon lui, devient une manière pour les enfants de prendre soin les uns des autres. Il se souvient d’un moment où son fils, voyant sa famille dîner à la maison, a insisté pour servir la nourriture, une attitude qu’il a manifestée après avoir intégré cette pratique à l’école.
Un apprentissage rigoureux dès le plus jeune âge
Le système scolaire japonais est aussi marqué par une approche stricte de l’apprentissage. Tim Hornyak fait remarquer que, dès l’âge préscolaire, l’apprentissage par cœur est très présent. Les enfants sont souvent encouragés à mémoriser des informations, qu’il s’agisse de chants ou de poèmes. De plus, la discipline est omniprésente : à l’école primaire, l’apprentissage se fait dans une atmosphère très encadrée, ce qui permet à chaque élève de développer une forte mémoire et une capacité à se concentrer sur des tâches longues et répétitives.
Les uniformes scolaires : un reflet de la culture japonaise
Un autre aspect particulier du système éducatif japonais concerne les uniformes scolaires. Tim Hornyak raconte que les garçons au collège et au lycée portent des vestes inspirées des uniformes militaires prussiens du XIXe siècle, tandis que les filles adoptent des uniformes de type marin, à l’image des uniformes de la marine royale britannique. Ces tenues ne sont pas seulement des signes d’unité, mais aussi un moyen pour l’établissement de rappeler à chaque élève qu’il fait partie d’un tout, et non qu’il est un individu isolé.
La sécurité à l’école : un paradoxe
La sécurité scolaire au Japon peut surprendre les étrangers, car elle semble relativement faible comparée aux standards occidentaux. Tim Hornyak décrit l’école de son fils comme ayant une clôture modeste et un gardien âgé, qui ne semble pas particulièrement vigilant. Mais selon lui, cela n’est pas étonnant compte tenu du faible taux de criminalité au Japon. Les incidents violents à l’école sont extrêmement rares, ce qui explique pourquoi la sécurité physique semble moins prioritaire que dans d’autres pays. Cependant, des exercices de sécurité liés aux tremblements de terre sont régulièrement organisés pour préparer les élèves à faire face à d’éventuelles catastrophes naturelles.
Une éducation qui valorise l’harmonie
Dans son témoignage, Tim Hornyak fait une évaluation positive du système éducatif japonais, malgré certains aspects qui pourraient paraître rigides. Selon lui, les écoles japonaises « ne sont pas parfaites », mais elles inculquent à leurs élèves des valeurs essentielles : l’attention aux autres, le respect des règles et l’intégration dans une société harmonieuse. Dans un monde où les sociétés semblent de plus en plus divisées, il espère que ses enfants apprendront à développer des relations basées sur la solidarité et la coopération, des qualités qui seront cruciales dans leur vie future.
En somme, bien que l’école japonaise ait ses particularités, elle semble offrir un cadre solide pour élever des enfants responsables et respectueux. Les valeurs qu’elle véhicule — la discipline, le respect des autres et la responsabilité collective — sont des éléments essentiels d’une société qui mise sur l’harmonie sociale.