La tradition bien gardée des guides de Zermatt reflète le caractère d’une vallée qui a su attirer des touristes aventureux dès la seconde moitié du 19e siècle. De tous temps, le Cervin a fasciné locaux et visiteurs en quête d’exploit.
Posez la question aux alpinistes suisses les plus connus et ils vous diront que le Cervin possède une beauté singulière qui le rend tout simplement irrésistible. «Lorsque vous voyez la montagne, vous avez pour seule envie d’aller au sommet», affirmeRoger Schäli, un guide et alpiniste professionnel qui a ouvert de nouvelles voies d’escalade dans le monde entier.
Peu de montagnes atteignent en effet la perfection esthétique du Cervin, qui trône au-dessus de Zermatt tel une dent de dinosaure un peu irréelle. Sa forme iconique et les dizaines d’autres sommets de 4000 mètres qui l’entourent sont un puissant aimant à touristes qui permet de faire vivre la petite communauté soudée des guides de montagne de la station valaisanne. Une organisation locale qui compte moins de 100 membres actifs et qu’il est difficile d’intégrer si l’on n’est pas issu du sérail.
Etrangers pas les bienvenus
Roger Schäli, qui ne vient pas de Zermatt, a pu faire l’expérience de la difficulté à y travailler comme guide externe. «Si vous ne faites pas partie de la famille de Zermatt, c’est compliqué», avance-t-il. Il dit des guides de Zermatt qu’ils sont des «super-héros à la maison» car ils sont vénérés sur leur propre terrain et connaissent la montagne sur le bout des doigts, ce qui est très important pour la sécurité de leurs clients.
«La culture des guides de montagne a une longue et riche histoire à Zermatt, mais c’est aussi un endroit très insulaire. Les guides de la station sont très protecteurs. C’est plutôt sain, car ils veillent avec soin sur leur ressource», relève pour sa part Matt Culberson, un guide aguerri qui a présidé l’association américaine des guides de montagne.
Au fil des ans, près de 500 personnes ont péri sur le versant suisse de la montagne, 200 autres sur son versant italien. Mais Roger Schäli relève que les accidents survenant avec des guides de montagne sont rares: ils se produisent le plus souvent lors d’expéditions non accompagnées.