L’échappée belle, un ultra-trail qui ne prend pas la nature pour un stade

Regardez-vous l’étiquette avant d’acheter un paquet de gâteau ? Vous ne le choisissez que s’il est sans huile de palme, produit à côté de la maison et pourvu du label AB ? Bravo, bonne démarche. Bon, et quand vous allez faire un trail, vous vérifiez son impact environnemental ? Pourtant, plus de 1500 coureurs qui piétinent la montagne sauvage et se ravitaillent c’est autrement plus polluant qu’un paquet de biscuits. Le trail est une discipline qui a désormais dépassé le stade amateur. L’organisation des courses et le matériel sont devenus industriels. Le ‘consommateur’ a donc une responsabilité dans le choix de son ‘produit’.

Un trail soucieux de son impact

L’échappée belle est un trail traversant le massif de Belledonne dans son sens le plus long. Plusieurs épreuves sont proposées, la plus longue demande de parcourir 11100 m de dénivelé en 144 km. A priori, un ultra trail comme les autres. Il faut donc aller chercher dans les coulisses les différences et elles sont importantes. Tout d’abord dès sa création le tracé a été conçu en concertation avec le réseau Natura 2000 et la réserve nationale de Luitel afin de prendre des dispositions spécifiques pour mieux préserver les espaces protégés (Belledonne n’est pas un parc naturel). Aussi, l’équipe a choisi d’implanter son site principal à Aiguebelle, à quelques encablures de la gare. Ainsi on peut venir à l’EB en train, utiliser un système de navettes puis repartir en train (il y a peu de trails de pleine nature où on peut se rendre sans sa voiture).

Ensuite, la responsable de la logistique est également responsable de l’aspect développement durable. Elle organise donc les déplacements et les commandes de produits consommables avec comme objectif permanent la minimisation de l’impact environnemental de la course. Les produits choisis pour les ravitaillements sont non suremballés (lors des choix des produits, la chasse est faite aux parts individuelles et au jetable). Chaque année de plus en plus de produits locaux sont utilisés. La gestion des déchets était au cœur de la logistique cette année : la vaisselle compostable a été proposée sur tous les points de restauration, puis collectée et envoyée sur une plateforme de compostage : 500 kg de déchets qui ont été compostés plutôt qu’incinérés. Un tri sélectif mis en place mais les bénévoles ont triés à nouveau les poubelles. Ils n’ont ne constaté que 1.25 kg d’erreur (sur les 500 kg), preuve que les participants tout comme l’équipe organisatrice se sentent concernés.

500 kg de déchets pour le compost, bel effort !
1.25 kg non compostable sur 500 kg de déchets

Une indépendance financière indispensable

Le trail étant une discipline en vogue, il est facile de se laisser attirer par l’argent facile des sponsors qui cherche à faire parler d’eux dans un marché en expansion. Or, l’échappée belle a fait le choix d’une indépendance financière. La présence de sponsors permet de mettre du beurre dans les épinards (dons de lots finishers par exemple) mais ils ne sont pas en mesure d’imposer quoi que soit.

Une amélioration permanente pour impacter toujours moins la montagne

Si ce trail se targue d’une approche dite durable, les organisateurs ne se contentent pas de ce qui est déjà mis en place. Il existe au sein du comité d’organisation, une réflexion permanente sur la manière de minimiser les impacts sur le milieu naturel. Par exemple, les organisateurs savent qu’il existe, sur le parcours actuel, 3 endroits sensibles à l’érosion et tentent de travailler sur ce point. De même que la gestion des déchets (en particulier humains) peut encore être améliorée. Néanmoins, l’organisation ne sait pas mesurer concrètement les effets de la course sur la montagne. Si l’organisation s’améliore chaque année, il reste impossible d’affirmer que ce trail respecte la vie sauvage du massif. Pouvoir mesurer les conséquences de l’organisation d’une telle épreuve pourrait être un autre axe d’amélioration.

Alors, à l’heure de choisir votre prochain trail, un coup d’œil à la liste des sponsors et se renseigner sur l’organisation de la course (retour d’expérience, blog, site internet de la course) constituerait un geste aussi important que lire l’étiquette de votre paquet de biscuits.

Pour aller plus loin :

Nouveau GR : GR 738 – Haute traversée de Belledonne – Sentier des bergers

1 réflexion au sujet de « L’échappée belle, un ultra-trail qui ne prend pas la nature pour un stade »

  1. Bavo l’échapée Belle ! J’ai fait le 85km et je confirme que l’esprit et les ravitots sont bien différents et on est loin du blingbling d’autres évènement de fin aout… dans le même genre de démarche vraiment durable j’ai remarqué l’ultra du beaujolais.

    Et par contre c’est un ultra vraiment montagnard de grande beauté avec du vrai terrain technique et un environnement authentique

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