L’enfer de la montagne reprend pour les éleveurs

La montagne, c’est beau, c’est agréable, c’est calme… C’est le paradis pour ceux qui vont y chercher un resourcement ou viennent y pratiquer leurs activités physiques de loisir préférées : ski, randonnée, vtt, escalade, alpinisme…. Ou tout simplement en visite touristique.

C’est oublier que les paysages que nous admirons ne sont pas tous sauvages notamment ceux en dehors des zones glacières et des pierriers. Ils sont le fruit du travail de l’homme et de ses bêtes depuis des millénaires. Ce sont eux qui ont permis des paysages diversifiés, ouverts et fermés, permettant la présence d’une grande biodiversité au point que la presque totalité de ces territoires font l’objet d’un classement.

Pour survivre, alors qu’il se sédentarisait, l’homme s’est battu contre les prédateurs au point de les éliminer sauf dans les Pyrénées avec l’ours. Le loup, source de malheur pour ceux qui se voyaient dépossédés de leur outil de travail, a fini par disparaître ou, plus précisément, à être très fortement réduit au point de ne plus se manifester dans les troupeaux.

Le retour du prédateur : l’enfer pour les bergers

Mais voilà que depuis une trentaine d’années, comme pour les paysages, le loup, « grand carnivore » et prédateur, fait l’objet d’une protection lui permettant de se reproduire au rythme de 20 à 30% par an sans avoir, contre lui-même, le moindre prédateur, pas même l’homme pour se défendre. Et l’enfer recommence pour les éleveurs, habitants « primaires » de ces espaces qu’ils entretiennent pour la satisfaction et le plaisir de tous. Un enfer nié par certain mais bien réel comme nous l’avait décrit Caroline Bourda –Ailhaud Et le problème n’existe pas que dans les alpages mais aussi dans les villages.

Sortie des troupeaux… début des attaques et des prédations

Hier, nous annoncions toute une série d’attaques. Radio DICI confirme une attaque à Agnières en Dévoluy dans les Hautes-Alpes. Amandine Arnaud, l’éleveuse, explique au micro de la radio ce qui s’est passé.

‘Vous imaginez, cela s’est passé à 100 mètres de notre habitation et de nos enfants’.

Les constats et les tirs de défense

Les constats ont été faits et confirment la responsabilité du loup. Un tir de défense a été demandé conformément au nouveau plan loup. Néanmoins elle précise : ‘Les éleveurs travaillent tous les jours. Mais pas l’Etat qui fait le pont’.

La nouveauté cette année est que les tirs de défense peuvent être demandés par Internet. Encore faut-il que l’éleveur soit équipé et surtout que le village ne soit pas frappé de « fracture numérique » comme c’est souvent le cas dans les Alpes du Sud. Avec les ponts, pour cette demande, il ne faut pas s’attendre à une réponse avant la fin de la semaine. Autant dire, une fois de plus, que les contraintes administratives, même réduites, rendent la procédure inefficace.

L’éleveur / berger : victime

Les éleveurs et bergers sont bien souvent des victimes à plusieurs titres : le loup, l’éloignement, la fracture sociale et… numérique, l’absence de services publics de proximité, etc….. Les éleveurs habitent rarement des villes ou des villages importants. Pour des raisons matérielles (granges, prairies), ils se trouvent loin des centres urbains et commerciaux bien pourvus en moyens de communication. Dans le cas d’Amandine Arnaud, elle se trouve, avec toute sa famille et son troupeau, au lieu-dit la Cassette au hameau de Maubourg dépendant de l’ancienne commune d’Agnières en Dévoluy. Il faut y aller. C’est splendide. Mais le touriste ou le randonneur ne font qu’y passer et admirer. Il n’y vit pas toute l’année et n’y travaille pas….
Le troupeau parqué à 30 mètres de la bergerie et à 100 mètres de l’habitation n’a pas dissuadé le loup de se servir de plusieurs brebis. Parc, regroupement, chien… n’y font rien. Le loup a été dérangé par le chien de protection
qui n’est pas un chien d’attaque mais un chien « clairon » qui, pour ne pas importuner les randonneurs et autres touristes n’est pas choisi pour son agressivité. Autant dire que lorsque le berger dort comme tout le monde, le chien ne sert pas beaucoup contrairement aux affirmations d’organisations écologistes qui brillent d’incompétences graves.

Ecouter le témoignage d’Amandine Arnaud

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