Les prévenus du procès de la fraude à la TVA sur le carbone continuent à nier, quand ils ne s’accusent pas mutuellement ou ne mettent pas en cause des morts. On rit aussi, parfois.
Il est beaucoup question de « vérité », au procès de l’escroquerie du siècle, un des volets de la fraude à la TVA sur le marché des quotas d’émissions de carbone, qui se tient à Paris depuis le 2 mai. « La vérité, m’sieur l’président », « j’vais pas vous mentir », « j’vous jure », « j’vais tout vous expliquer », autant de formules répétitives qui font sourire dans la salle d’audience, tant elles cachent une autre vérité, celle du dossier, la sécheresse des faits et des chiffres, derrière un épais rideau de fumée.
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Tout à sa volonté de se présenter en self-made man, en génie des affaires, Marco Mouly répète à plusieurs reprises qu’il a travaillé avec Thierry Leyne, l’associé de Dominique Strauss-Kahn dans la société LSK, qui est mort défenestré en octobre 2014 à Tel-Aviv. « Strauss-Kahn, je l’ai rencontré dix fois », se vante-t-il. Une trace existe d’un virement de Mouly vers LSK pour 4 millions d’euros, mais ses explications sur le travail qu’il a effectué sont plus que oiseuses.
Mouly dit avoir joué le rôle de trader. Il semble plutôt avoir été un intermédiaire et un coursier. « C’est Thierry Leyne et Strauss-Kahn qui disaient ce qu’il fallait acheter et ce qu’il fallait vendre, et je prenais 30 % », lâche-t-il. Mouly évoque aussi de façon très confuse des « investissements aller-retour », des opérations d’achat en Bourse, apparemment destinées à faire monter le cours d’une action, mais on reste là encore dans le flou.