Mini-interview : Gautier Supper

Alors que les championnats du Monde de difficulté s’ouvrent aujourd’hui à Gijon dans les Asturies (Espagne) avec les phases qualificatives, nous avons pu faire le point avec le chambérien Gautier Supper membre de l’équipe de France qui est passé dernièrement se ressourcer sur les falaises d’Abella De La Conca en Catalogne. Propos recueillis par Nicolas Durand, photos issues de la collection personnelle de Gautier.

– Kairn : Peux-tu nous faire un retour sur ce début de saison de coupe du monde ? Ta meilleure en date puisque tu te retrouves 5ème du provisoire devant Ondra et Ramon Puigblanque.

– Gautier : Plutôt pas mal en effet, je commence avec un podium en Chine, ce qui est très bon pour le moral, après Chamonix et Briançon ont été deux compétitions spéciales à cause de la météo. Puis Imst en Autriche où la moitié des finalistes tombent pratiquement sur la même prise. Je suis très satisfait, je peux avoir confiance en ma grimpe désormais. Me sentir à ma place parmi les meilleurs est très important dans ma manière d’aborder les compétitions.

– Kairn : Que penses-tu des ouvertures de compétition chez les hommes, le style change-t-il ?

– Gautier : On a la chance d’avoir un sport où les possibilités d’ouverture sont infinies, les ouvreurs changent durant toute la saison donc c’est assez varié. Après d’une manière générale je trouve que le style évolue ce qui est normal, nous sommes à présent sur des voies un peu plus physique qui demandent de la prise de risque. Les voies longues qui se jouaient purement en résistance se font rares même s’il y en a toujours bien entendu. Vouloir obliger un mouvement est toujours délicat cela demande une forte réflexion à l’ouvreur et malgré tout chacun passe comme il veut/peut que ça soit esthétique ou non, c’est la compétition…

– Kairn : Comment expliques-tu que les 3 français en liste se retrouvent souvent dans un mouchoir de poche ?

– Gautier : Justement ce qui est intéressant c’est que nous avons tous les trois un style de grimpe différent, les points faibles de l’un sont les points forts des autres. Comme quoi il n’y a pas vraiment de favoritisme au niveau de l’ouverture non plus. Après je ne peux pas vraiment l’expliquer mis à part qu’on s’entraine de plus en plus tous ensemble du coup notre dynamique de groupe est très forte, nous nous soutenons les uns les autres du mieux qu’on le peut malgré que dans la voie on grimpe seul. Mais je pense qu’il ne faut pas oublier Thomas Ballet et Thomas Joannes qui sont aussi très forts, après en finale il n’y a que 8 places.

– Kairn : A ce propos, ce n’est pas trop dur de jongler entre l’escalade, les entrainements et les études dans une grande école de commerce de Grenoble ?

– Gautier : Cela demande de l’organisation, l’école a développé spécialement un programme pour les sportifs dont les cours sont par correspondance ce qui me permet de suivre à distance le master peu importe le lieu et l’heure à laquelle je peux travailler. J’ai déjà eu des cours d’anglais au pied d’une falaise à 8h du mat ! Cela demande aussi de l’adaptabilité car parfois je dois modifier la planification d’une semaine d’entrainement pour rendre un mémoire que j’ai sous-estimé, je garde toujours les cours en priorité.

– Kairn : C’est étonnant de te voir en falaise juste après la coupe du monde de Imst en Autriche et aussi proche des championnats du monde de Gijón !

– Gautier : Nous sommes actuellement au milieu de la saison internationale, dès que je le peux je pars en falaise, l’occasion est trop belle. C’est quand même plaisant de partir une semaine en Espagne avec ses potes pour se ressourcer avant de repartir pour trois mois de compétitions. Pour moi le plus important est d’être bien mentalement et d’avoir un équilibre.

– Kairn : Ta dernière grosse croix en falaise en Espagne c’était « Estado critico» à Siurana déjà pas mal répétée, qu’est-ce que ça fait de s’attaquer à projets non réalisés comme ‘La del king’ dans l’arche à Abella de la conca ?

– Gautier : C’est vraiment bien, la découverte est l’essence de notre sport, se dire que personne ne l’a encore sorti est motivant. Il y a un côté rapport de force qui est fun, personne n’a réussi, ça me fait penser à la compétition, certains se battent pour la 1ere place, d’autres pour la 1ere d’une voie. Moi je ne suis pas trop là-dedans, je me fais trop plaisir en falaise pour en tenir compte même si cela est gratifiant parfois.

– Kairn : Tu as équipé un gros projet ici, avais tu déjà équipé et parle nous de la voie ?

– Gautier : J’ai pu équiper qu’une fois ou deux, j’ai adoré. Le fait de passer au pied de la falaise, se dire tiens il y a peut-être une voie ici en plus ça passe sur des prises toutes naturelles. C’est vraiment un grand moment, c’est ça la découverte. Cette voie est la ligne logique de la falaise, on avait vu un autre passage du bas mais il n’y avait aucune prise… la voie est vraiment en 3 parties, un début que j’estime vers le 8a puis un gros dévers vraiment dur je n’ai pas fait tous les mouvements puis une fin très belle en 7b sur du très beau rocher. Pour finir jusqu’en haut de la falaise. Brosser et chercher les prises prend vraiment du temps mais au final le 1er essai qu’on met dedans est simplement magique.

– Kairn : En parlant de projet, peux-tu nous expliquer ton autre projet, ‘la Climbing Family’ ?

– Gautier : En parallèle à mon activité de grimpeur pro et l’école de commerce, je me suis associé pour monter une société. Le concept est de rassembler et de communiquer sur notre sport, nous avons créé une structure vidéo, une page Facebook au nom de Climbing Family. Nous aidons les grimpeurs/grimpeuses à se promouvoir et se développer en lien avec notre réseau d’entreprises. Nous avons des projets évènementiels et un site web pour 2015.

Merci Gautier et bon courage à Gijon !

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