Par une journée nuageuse de novembre, alors que je m’entraînais sur l’itinéraire de ski-alpinisme classique qui mène à Punta Rocca sur la Marmolada, j’ai remarqué cette goutte du coin de l’œil depuis le sommet. La percée dans les nuages n’a duré que quelques secondes, mais c’était suffisamment long pour que je réalise qu’il y avait probablement quelque chose de très intéressant là-bas.
Le dimanche 17 décembre, Vaida Vaivadaite et moi avons regardé de plus près. Nous avons garé la voiture à Malga Ciapela tôt le matin et chaussé nos skis. Une fois arrivés au pied de la cascade, nous avons immédiatement réalisé que la longue approche en valait la peine : au-dessus de nous s’était formée une grande quantité de glace verticale et, à première vue, elle était en très bon état.
J’ai chaussé mes crampons directement sur mes chaussures de ski-alpinisme, puis je me suis lancé sur la première longueur, verticale dès le départ. Nous nous sommes plongés dans un décor de rêve, escaladant un beau drip, avec une vue imprenable sur toute la face sud de la Marmolada qui baignait littéralement au soleil face à nous. Deux longueurs raides menaient au bout de la glace, à l’intérieur d’une grotte formée par un énorme rocher coincé. Deux rappels au large d’Abalakov nous ont rapidement déposés au pied de la montée et après avoir chaussé nos skis, nous avons profité du retour à ski jusqu’à la voiture. Lorsque nous avons découvert qu’il s’agissait probablement de la première ascension, nous avons décidé de l’appeler Première fois.
Je dois dire que la cascade de glace n’est pas particulièrement longue, mais ses deux longueurs sont sur une glace d’excellente qualité, dans un cadre vraiment unique. Compte tenu de son altitude et de son exposition au nord, il promet de rester en état pendant un bon bout de temps, voire tout l’hiver. Tous ceux qui souhaitent le répéter sont priés de respecter l’environnement, et de tout laisser le plus propre possible. Cela inclut l’établissement d’Abalakovs en enfilant vos propres cordes et en ne l’abandonnant pas car celui-ci, lorsque la glace fond au printemps, se transforme en détritus qui mettent plusieurs décennies à se décomposer.
par Emanuele Andreozzi
Merci Andreozzi Elbec et GrandeGrimpe pour le soutien
