Pyrénées : Pas de transhumance cette année au lac d’Estaing

La traditionnelle fête de la transhumance, qui prend aussi une forme de fête de la randonnée pastorale, qui a lieu chaque premier WE de juin au lac d’Estaing, n’aura pas lieu. Motif : trop de neige et pas d’herbe.

Les abondantes chutes de neige de cet hiver se manifestent aujourd’hui par la présence d’un manteau neigeux exceptionnel au-dessus de 1600 m d’altitude. Pire, il continue de neiger et geler régulièrement sur les Pyrénées au-delà de 1500 mètres d’altitude ne permettant pas à l’herbe de pousser et se développer. De ce fait, les bêtes ne disposent pas de nourriture suffisante tant en quantité, qualité qu’en superficie. C’est ainsi qu’à Arriousec, en bout de piste au-dessus d’Estaing, il n’est possible de ne recevoir que 150 brebis environ au lieu de 1500 en temps normal. Alors que, en temps normal, dans une dizaine de jours, les bêtes pouvaient aller pacager au col d’Ilhéou. Pire encore : les cabanes pastorales du Barbat et d’Ilheou sont sous la neige.

En conséquence, pas de fête à Estaing, pas de randonnée pour accompagner les troupeaux. Les troupeaux monteront progressivement au fur et mesure que l’herbe poussera.

Des reports de transhumance également sur le Pays Toy.

Même chose du côté de la Bat det Baredge, que ce soit Gavarnie ou la Batsus. Le Tourmalet est enneigé comme en plein hiver pratiquement depuis Tournaboup. A Gavarnie, l’accès à la vallée d’Ossoue est impossible aux troupeaux et Bellevue, le Pailla comme les Espécières manquent pour le moins d’herbe alors que la neige est encore très présente dès 1500 m. Et en dessous il gèle et il tombe souvent de la neige donc rien ne pousse.

La commission syndicale a écrit aux éleveurs pour leur annoncer un report de montée possible des troupeaux au 20 ou 25 juin. Des chemins sont à remettre en état autant pour accéder aux estives que pour faciliter la randonnée. Communes et Commission Syndicale devraient unir leurs forces et leurs moyens pour améliorer le plus rapidement la situation en fonction des conditions météo. « Au fur et à mesure que la neige va se retirer on verra l’état des parcs et des cabanes »… Autre souci pour les éleveurs. Une fois la neige fondue, rien n’est gagné.

Ce n’est pas mieux chez les basques et les béarnais.

En Soule, le Port de Larrau est dégagé mais interdit à la circulation. Problème à un tunnel espagnol. La neige est présente dès 1500 m et peu ou pas d’herbe entre 1300 et 1500 m obligeant à conserver les troupeaux à la grange ou les surveiller au plus proche pour leur imposer de brouter… ailleurs que la bonne herbe réservée à la fauche pour l’hiver prochain.

A Arette en Barétous, un berger nous disait cet après-midi : « je les garde dans une prairie que je devrais faucher normalement rapidement… mais il faut bien leur donner à manger ». Et l’herbe du Somport où les brebis doivent passer l’été est encore sous la neige.

En vallée d’Aspe et Ossau, même situation. A l’IPHB, le directeur, Didier Hervé, nous dit : « j’appelle tous les éleveurs pour voir ceux qui peuvent envisager un premier héliportage le 4 juin. Certains vont monter voir les cabanes ce WE ». Certaines cabanes ont été endommagées d’autres sont sous plusieurs mètres de neige. Des éleveurs sont montés vers le Soussoueou (GR 10) pour tailler la glace et sécuriser le passage des brebis. Des chemins sont à dégager… et le mauvais temps ne facilite pas le travail des bûcherons et forestiers notamment pour le débardage par câble alors que les chemins détrempés perturbe le travail des tracteurs.

Pour toutes ces professions, éleveurs, bergers, forestiers, les conditions de travail sont difficiles et dangereuses. Si des recommandations sont données aux randonneurs pour éviter des accidents, on peut imaginer que pour ceux qui travaillent le danger est tout aussi présent et peut-être même plus important. Au cours des prochaines semaines, nous suivront tous ces acteurs de la montagne qui permettent à beaucoup d’autres de bénéficier de structures de loisirs bien souvent sans y prêter attention.

Louis Dollo

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