Adam Ondra rentre d’un séjour en Espagne qui rentrera dans les annales de la grimpe. En un peu plus de 15 jours, le tchèque réalise d’abord ses 4 premiers 8c+ à vue à Etxauri et en Sierra de Guara, dont les deux derniers dans la journée. Adam réalise aussi la première d »Obrint pas’ 9a+ à Santa Ana et enfin une dernière journée extra-terrestre à Oliana. Harry Potter enchaîne le même jour la première ascension d’un projet de Chris Sharma ‘Chaxi raxi’, 9b (de son point de vue la voie la plus dure qu’il ait jamais réalisée) et le 8c+ de ‘Blankita’ à vue ! Un nouvelle ère débute dans l’histoire du haut niveau en falaise… Mini-entretien avec Adam pour revenir rapidement sur ces réalisations. Les photos qui illustrent ont été prises dans ‘Chaxi raxi’ par le photographe tchèque Vojtech Vrzba. Vous pouvez visitez son site web Climb 4 Fun pour visionner davantage de clichés.
– Kairn : Pendant ton trip tu as réussi tes 5 premiers 8c+ à vue, impressionnant ! Bon l’an dernier t’étais déjà pas très loin avec « No future » à Céüse…Mais là de réaliser ton premier 8c+ à vue à Etxauri semble t’avoir fait gagner un nouveau pas mental dans le à vue…
– Adam : Oui, savoir que j’avais déjà réussi à vue un 8c+ m’a énormément aidé pour les suivants. Je ne sais pas sûr si je grimpais réellement très bien ou si les voies étaient faciles, mais je pense tout de même que « Blankita » et « Bizi euskaraz » valent la cotation.
– Kairn : Pour toi, quelle est celle qui t’a donné le plus de mal ?
– Adam : En terme de difficulté, « Blankita » a été la plus dure. J’y suis allé environ une heure après mon succès dans « Chaxi Raxi ». Cela m’a beaucoup aidé car je me disais que je n’avais rien à perdre, j’étais dans une bonne configuration mentale et j’étais prêt à donner tout ce qu’il me restait de forces dans la bataille. D’un autre côté, mon ascension de “Bizi Euskaraz” a été à l’inverse très fatigante nerveusement pour moi, et j’ai été heureux de ne pas craquer et de réussir mon objectif du séjour !
– Kairn : Tu dis de « Chaxi Raxi » que c’est la voie la plus dure que tu ai faite ?
– Adam : C’est très bloc au début, un possible 8B+ bloc, peut-être plus, ou alors un 9a/a+ cotation voie sur 14 mouvements. Mais la difficulté majeure se concentre sur un long mouvement où tu es obligé de relancer avec 3 intermédiaires avant de débarquer sur une arquée plate et de dynamiser ensuite avec. Si tu franchis cette section bloc en bas, tu bénéficies ensuite d’un très bon repos sur une colonne avec la possibilité de faire un repos sans les mains pendant un court instant. Mais même si le repos est correct, tu ne te refais pas à 100%. Il reste la deuxième partie de la voie autour de 9a+ aussi. Elle peut être decompose en 3 sections de bloc avec un bac pour récupérer entre la première et la seconde, mais une très mauvaise décontraction entre la seconde et la troisième… Du coup cette dernière section bloc est vraiment un autre crux dans la voie : un mouvement dynamique d’une pince étrange main droite vers une inversée plate dure à contrôler. Les 15 derniers mètres au-dessus valent environ 8a ou 8a+, et il y a moyen de se refaire encore. Pour moi ce n’est pas la plus belle ligne d’Oliana, mais elle est néanmoins impressionnante et je suis sûr que c’est ce que j’ai fait de plus dur en après-travail.
– Kairn : Grimper une voie extrême et longue est-il plus compliqué pour toi ? Comment définirais-tu ton style préféré ?
– Adam : C’est différent, mais je ne peux pas dire que c’est plus difficile. Il est sûr que le processus est éprouvant pour les nerfs si tu passes du temps dans chacune de tes tentatives. Concernant le style, je n’évite aucune voie mais je préfère largement les murs déversants à petites réglettes plutôt que les voies avec des prises proposant des préhensions plus grosses.
– Kairn : Avec tous ces voyages, tu as le temps de te consacrer à tes études ? As-tu le temps de faire autre chose que de l’escalade ?
– Adam : Je suis au lycée, et c’est parfois un peu mouvementé d’y retourner après un voyage, mais je m’en accommode plutôt bien. Par contre, je n’ai vraiment pas le temps de faire autre chose en dehors des études et de l’escalade. J’ai la chance d’être dans une école qui me laisse tranquille tant que j’ai de bonnes notes. J’ai une excellente mémoire et cela m’aide pour le travail scolaire. Concernant les hobbies extra-escalade, j’ai peu de temps pour m’y consacrer. Quand je fais mon break de quelques semaines en hiver, j’aime bien faire du snowboard ou lire des journaux, des magazines et des bouquins. C’est un bon moyen de me relaxer.