Ski Alpinisme-Pyrénées – Le Pic du Midi de Bigorre en deuil : Pierrot ne remontera plus

Il ne m’est pas possible d’évoquer cet accident comme un simple fait divers. C’est avant tout la perte d’un ami. L’ami de nombreux montagnards, des personnels du Pic du Midi, du Grand Tourmalet et de bien d’autres encore.

La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était il y a déjà 27 ans. A un retour d’expédition au Pérou. Il voulait savoir, connaître. Puis nos chemins se sont souvent croisés en montagne. Devenu accompagnateur en montagne, il a encadré plusieurs stages de la FFME.

Pierrot, c’est aussi le souvenir des soirées dans cette grange qu’il avait aménagé au-dessus de Beaudéan. La montagne, pour lui, ce n’était pas seulement la randonnée. C’était aussi l’alpinisme, le ski, l’escalade… une passion, un mode de vie. Un montagnard complet, compétent, réfléchi. Rien ne se faisait sur un coup de tête, c’était pensé. Il respectait la formule de Gaston Rébuffat : « Grimper d’abord avec sa tête avant de grimper avec ses pieds ».

Il avait créé son entreprise de travaux acrobatiques. Le 25 juillet 2006, il monte en haut du dôme de la mairie de Tarbes pour brancher le paratonnerre. http://www.lourdes-infos.com/ARCHIVES%20PAGES%20INFOS/infodep260706.htm Puis il est embauché au Pic du Midi où nous nous croisions régulièrement.

Skieur de montagne et alpiniste expérimenté, amoureux de poudreuse comme beaucoup d’entre nous, vendredi matin, sous un ciel bleu, il a voulu se faire plaisir depuis le sommet du Pic. Comme toujours, bien équipé, avec DVA et airbag, il se lance dans la pente. Pas l’itinéraire classique… un peu plus raide. C’est plus sympa.

Mais la neige accumulé récemment par le vent cachait un danger. Ce danger que, même les meilleurs ne voient pas. Et les exemples ne manquent pas de ces « meilleurs » qui ont disparus.

Face au Pic, sous le Contadé en voulant rejoindre la brèche, ou encore à la cascade d’Ossoue, à la Hourquette d’Ossoue… de ces accidents idiots, comme toujours pour les meilleurs. La faute à qui ? A personne. C’est la montagne, c’est la nature, ce n’est pas aseptisé. Tous les montagnards le savent. Il faut juger, apprécier mais parfois on se trompe. C’est humain et naturel. On ne peut en vouloir à personne.

Vendredi matin, Pierrot était bien conscient de tous ces aspects de la pratique de la montagne. Le Pic, ses couloirs, le coin de la Roche Noire, il les connait. Il en connait les dangers et les risques. Il a vu l’avalanche partir, il a déclenché son airbag. Tous les ‘riders’ connaissent ce moment de frisson. Normalement, il pouvait s’en sortir. Mais le choc avec les rochers, probablement plus que l’avalanche elle-même, lui a été fatal 500m sous le sommet.

A 47 ans, Pierre Crasbercu nous a quitté. Pierrot ne remontera plus au Pic. Il nous reste des souvenirs. Des bons souvenirs.

Adieu l’ami. On pense à toi

Source http://www.pyrenees-pireneus.com/Histoire/Pyreneistes/Pierre-Crasbercu.html

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