Ce qui devait être un moment de routine dans un programme de reproduction encadré s’est transformé en drame au parc Bellewaerde, en Belgique. En l’espace de quelques secondes, une rencontre entre félins soigneusement planifiée a viré au cauchemar, laissant les soigneurs impuissants et profondément choqués.
Une cohabitation qui semblait bien engagée
Le 13 mars dernier, le personnel du zoo de Bellewaerde, situé à Ypres, accueillait trois nouveaux lions dans le cadre d’un programme européen de conservation : Nestor, un lion mâle de douze ans, ainsi que Maya et Numa, deux jeunes lionnes venues de République tchèque. L’objectif était clair : favoriser la reproduction de cette espèce menacée dans un cadre sécurisé, en suivant les recommandations d’experts.
Selon les soigneurs, les premiers échanges entre Nestor et Maya, la plus âgée des deux lionnes, s’étaient déroulés sans accroc. Les deux animaux avaient partagé un même enclos, d’abord à l’intérieur, puis en extérieur, sans montrer de signe d’agressivité. Un vétérinaire du parc expliquait d’ailleurs que les comportements observés étaient rassurants : « Tout indiquait qu’ils étaient prêts pour une présentation dans un espace plus vaste. »
C’est une configuration que l’on retrouve dans de nombreux zoos européens. Ces introductions se font progressivement, souvent après des jours ou semaines de contacts visuels et olfactifs. J’ai moi-même assisté un jour à l’arrivée d’un tigre dans un refuge animalier, et je me souviens de la tension palpable dans l’équipe, même quand tout semble se dérouler normalement. Il suffit d’un rien pour que l’équilibre bascule.

Une attaque brutale, sans signe avant-coureur
Mais mercredi après-midi, alors que Nestor et Maya partageaient de nouveau le même espace, tout a changé. En quelques secondes, le lion a subitement attaqué Maya. « C’était comme si un interrupteur s’était enclenché. Il l’a attrapée à la gorge et n’a plus lâché prise », a décrit l’équipe, encore sous le choc.
Les soigneurs sont immédiatement intervenus pour tenter de séparer les deux félins, mais leurs efforts sont restés vains. Dans ce type de situation, la sécurité humaine reste la priorité, et les marges de manœuvre sont limitées face à un animal puissant et imprévisible. Maya n’a pas survécu à l’attaque, laissant le personnel du parc dans une vive émotion.

Une prudence renforcée pour la suite
En conséquence, la rencontre prévue entre Nestor et la deuxième lionne, Numa, a été suspendue. Cette dernière est plus jeune et plus frêle que sa sœur disparue, et les responsables du zoo préfèrent ne prendre aucun risque. « Ce n’est pas parce que cela s’est mal passé avec Maya que cela se reproduira avec Numa », a toutefois nuancé le vétérinaire, tout en rappelant que chaque individu animal réagit différemment.
Ce drame soulève une fois de plus les questions complexes liées à la reproduction animale en captivité. Bien que ces programmes soient essentiels à la préservation des espèces menacées, ils ne sont jamais dénués de risques. Le comportement des lions reste en grande partie dicté par leur instinct sauvage, même dans un cadre encadré et surveillé.
L’EAZA (Association européenne des zoos et aquariums), qui supervise ces initiatives, impose des protocoles stricts, mais même les meilleurs experts ne peuvent prédire l’imprévisible. C’est ce qui rend ces missions aussi passionnantes que périlleuses.

Le parc Bellewaerde a ouvert une enquête interne et a exprimé sa profonde tristesse. En attendant, Nestor reste isolé, sous observation, tandis que Numa bénéficie d’un suivi renforcé. Le personnel, lui, tente de surmonter ce traumatisme. Car au-delà des enclos et des grilles, il y a aussi des humains qui s’investissent jour après jour pour offrir une vie digne à ces animaux emblématiques.
Un animal sauvage reste un animal sauvage. Cet épisode montre l’imprévisibilité de ce type de rencontre, heureusement que ce lion ne s’est pas attaqué à un de ses soigneurs.