Deux signaux convergent : la dorsale anticyclonique a dominé le sud-ouest de l’Europe durant la première moitié d’août et reste susceptible de ré-amorcer des pointes de chaleur locales en fin d’été. En jeu : santé, agriculture et risques d’incendie — des impacts déjà observés cet été.
Depuis quelques jours, les modèles météo affichent une tendance inquiétante : une dorsale anticyclonique d’une intensité exceptionnelle se met en place sur l’Europe du Sud-Ouest. Portugal, Espagne, sud de la France… ces régions risquent d’être les plus touchées par un épisode qui pourrait durer plus longtemps que prévu. Et les conséquences ne sont pas seulement climatiques : santé, agriculture et environnement sont directement concernés.¹
Qu’est-ce qu’une dorsale anticyclonique ?
Pour comprendre l’enjeu, il faut revenir à la définition. Une dorsale anticyclonique, c’est une zone de hautes pressions atmosphériques qui s’étend sur une grande surface. Concrètement, elle agit comme un couvercle : elle bloque l’arrivée des perturbations, assèche l’air et provoque une hausse durable des températures.
Le saviez-vous ?
En analyse météo, la dorsale se lit souvent par des hauteurs de géopotentiel élevées à 500 hPa, indicatrices d’air chaud et stable en altitude — d’où la stagnation de la chaleur en surface.
Résultat : des ciels uniformément bleus, une chaleur persistante et une quasi-absence de précipitations. Si le phénomène s’installe plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il ouvre la voie à des épisodes de canicule et à un risque accru de sécheresse.
Conséquences pour la population et l’environnement
Les premières projections sont claires : les températures ont dépassé les 40 °C au pic de l’épisode début août (jusqu’à 43–44 °C localement en Andalousie et dans l’Alentejo) et peuvent ponctuellement refranchir ce seuil dans les zones les plus exposées ; le Sud-Ouest français a également connu un épisode caniculaire majeur entre le 8 et le 18 août 2025.²
Au-delà de l’inconfort, c’est la santé publique qui est menacée. Les vagues de chaleur s’accompagnent d’une surmortalité documentée : en France, Santé publique France estime à près de 33 000 le nombre de décès attribuables à l’exposition à la chaleur entre 2014 et 2022 (tous âges).³
Côté environnement, le constat est tout aussi préoccupant. La combinaison chaleur + sécheresse élève fortement le danger d’incendies : Météo-France a relevé en août un niveau de risque élevé à très élevé sur de vastes secteurs du Sud, en lien avec la sensibilité de la végétation.⁴
À cela s’ajoute la pression sur l’agriculture (cultures consommatrices d’eau, stress hydrique des vignes et vergers) et des nappes fragilisées localement : d’où l’importance des dispositifs d’économie d’eau et des restrictions quand elles sont activées par les autorités.
Comment se protéger face à la chaleur ?
Les experts insistent sur un point : l’anticipation. Quelques gestes simples permettent de limiter les risques liés à une canicule prolongée (référentiel Ministère de la Santé) :
- Boire régulièrement de l’eau ; se mouiller le corps et se ventiler.
- Maintenir le logement au frais (volets fermés le jour, aération la nuit si possible) ; passer du temps dans un lieu climatisé.
- Éviter les sorties et efforts entre 12 h et 17 h ; ne pas consommer d’alcool ; veiller sur les personnes fragiles.
Dans les grandes villes, des plans chaleur/canicule peuvent être déclenchés : ouverture de salles rafraîchies, renforcement des maraudes, campagnes de sensibilisation. Les touristes, nombreux en été, sont invités à adapter leurs activités (randonnée, visites en extérieur, horaires).
Une vigilance de chaque instant
Ce type d’épisode rappelle que la météo extrême n’est plus une rareté mais une réalité qui s’installe. Plutôt qu’un « doublement » générique, Météo-France établit qu’on a recensé 51 vagues de chaleur à l’échelle nationale depuis 1947, dont 34 après 2000 (contre 17 avant 2000) — signe d’une accélération nette au XXIᵉ siècle.⁵
En restant informés, en appliquant les bons réflexes et en respectant les consignes des autorités, habitants comme visiteurs peuvent réduire les risques. Car au-delà de l’inconfort, c’est bien la santé publique, la sécurité alimentaire et la préservation des ressources qui sont en jeu.
Notes de bas de pages
- Vague de chaleur du 8 au 18 août 2025 : retour sur un épisode — Météo-France — https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/vague-de-chaleur-du-8-au-18-aout-2025-retour-sur-un-episode
- AEMET — bulletins et suivi fin août 2025 (ex. risques orageux au NE, chaleur persistante au sud) — Cadena SER (synthèse citant AEMET, 27/08/2025) — https://cadenaser.com/nacional/2025/08/27/la-aemet-pide-atencion-a-las-tormentas-del-miercoles-en-el-nordeste-peninsular-cadena-ser/ ; IPMA — Communiqués sur l’épisode de chaleur début août (41–44 °C) — https://www.sgifr.gov.pt/pt/w/comunicado-ipma-tempo-quente-em-portugal-continental-1
- Fortes chaleurs et canicule : un impact sur la mortalité important — Santé publique France (communiqué, 23/06/2023) — https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2023/fortes-chaleurs-et-canicule-un-impact-sur-la-mortalite-important-necessitant-le-renforcement-de-la-prevention-et-de-l-adaptation-au-changement-cl
- Fin de la vague de chaleur & danger de feux élevé à très élevé (août 2025) — Météo-France — https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/vague-de-chaleur-feux-aout2025
- Vagues de chaleur en France depuis 1947 : accélération depuis les années 2000 — Météo-France — https://meteofrance.com/le-changement-climatique/quel-climat-futur/changement-climatique-quel-impact-sur-les-vagues-de
- Recommandations officielles en cas de vague de chaleur — Ministère de la Santé (mis à jour 17/06/2025) — https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-climatiques/article/les-recommandations-en-cas-de-vague-de-chaleur