Les réseaux sociaux ont ce pouvoir étrange de faire et défaire les modes en un clic. Mais lorsque cette viralité touche au bien-être des animaux, certaines voix s’élèvent pour rappeler que la mignonnerie ne devrait jamais primer sur la santé.
Derrière les oreilles « craquantes », une souffrance bien réelle
Sur TikTok, on ne compte plus les vidéos mettant en scène des chats aux airs irrésistibles. Parmi eux, les Scottish Fold occupent une place de choix. Avec leurs petites oreilles repliées vers l’avant, ils séduisent instantanément les internautes. Mais ce trait qui fait fondre la toile est en réalité le symptôme d’une malformation.
Dans une vidéo publiée récemment, une vétérinaire britannique a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Elle s’arrête sur le cas de cette race en particulier, rappelant que ces oreilles tombantes sont dues à un cartilage défectueux, incapable de soutenir la forme naturelle de l’oreille. « Ce n’est pas mignon, c’est pathologique », explique-t-elle avec émotion, s’adressant directement à ses abonnés.
Une mode encouragée… au détriment des animaux
Le problème, c’est que cette apparence « atypique » plaît. Et quand l’esthétique prend le dessus, les élevages répondent à la demande, quitte à perpétuer des tares génétiques lourdes de conséquences. Résultat : ces chats, souvent issus de croisements délibérés, développent des douleurs articulaires précoces, des déformations osseuses et parfois même des difficultés à marcher.
La vétérinaire illustre son propos avec une photo d’un Scottish Fold légendée : « Regardez ces jolies petites oreilles pliées… ». Un commentaire qui pourrait passer inaperçu s’il ne dissimulait pas une réalité bien plus cruelle. Elle enchaîne :
« Savez-vous pourquoi elles se plient ? Parce que le cartilage est trop faible. Et ce même cartilage est présent dans toutes les articulations du corps. Le fragiliser, c’est condamner l’animal à développer de l’arthrose. Une douleur chronique, que l’on inflige sciemment, au nom de l’esthétique. »

La popularité sur les réseaux : un levier dangereux
Aujourd’hui, la mode des animaux dits « originaux » est alimentée par les influenceurs, les marques et certaines célébrités qui les présentent comme des accessoires de tendance. Pour cette vétérinaire, il est urgent de déconstruire cette image.
Elle interpelle directement les spectateurs : « Si vous voyez ces chats dans une publicité ou sur le profil d’une célébrité, ne likez pas. Ne commentez pas « trop mignon ». Réagissez. Informez. Parce que ce n’est pas attendrissant. C’est une forme de cruauté. »
Une prise de conscience nécessaire
Son appel n’est pas isolé. De plus en plus de professionnels de la santé animale dénoncent ces pratiques, et des associations comme la British Veterinary Association (BVA) militent depuis plusieurs années pour mettre fin à la reproduction de certaines races aux traits extrêmes. En France, l’Ordre des vétérinaires met également en garde contre les conséquences sanitaires liées à l’hypertype chez les animaux domestiques.
Adopter un animal, c’est faire un choix de responsabilité, pas un casting pour les réseaux sociaux. La personnalité d’un chat, sa compatibilité avec notre mode de vie, sa santé… voilà ce qui devrait guider nos décisions, bien plus que son apparence sur une vidéo virale.
@cat_the_vet #answer to @ericbmelchor This was the start of an amazing series for me & helped so many people realise how our pets can suffer. #catthevadoc ♬ Ameno Amapiano Remix (You Wanna Bamba) – Goya Menor & Nektunez