Il y a une dizaine de jours, le falaisiste briançonnais Yann Ghesquiers a réussi à son tour ‘Silbergeier’ la grande voie mythique du Rätikon (Suisse, 240 mètres, 6 longueurs, 8b+) au deuxième jour de travail ! Une réussite grâce à l’artifice de… la canne à pêche !
C’est la seconde réussite française cet été après Gérôme Pouvreau au mois de juillet et la troisième répétition estivale après la seconde féminine de l’autrichienne Barbara Zangerl.
Voici les commentaires de l’intéressé suite à sa répétition :
‘J’y avais fais une brêve visite il y a 11 ans avec Olivier Fourbet et nous avions eu grand peine à monter la corde dans les 3 premières longueurs ! Cette voie s’inscrivait naturellement dans un tour d’Europe des grandes voies dures commencé en 2001 que j’avais abandonné à la naissance de mon deuxième enfant, mais elle trottait toujours dans un coin de ma tête… Sachant qu’elle avait été grimpée cet été (par G. Pouvreau et B. Zangerl), j’ai décidé de retenter ma chance en compagnie de Patrice Glairon-Rappaz.
J’avais prévu au moins deux jours de travail dans la voie,mais le premier jour après des pluies diluviennes, les condis étaient parfaites et j’ai pu défricher toutes les longueurs sauf la dernière ou j’ai carrément buté. Un pas de bloc retors avec un mauvais plomb à la clef m’empêche de caler cette ultime longueur, cerise frelatée sur un gateau déjà bien étouffant ! Tant pis , un mal pour un bien j’en profite pour bien retravailler la longueur dure en 8b+.
Le lendemain c’est parti pour un essai, mais le dieu de la collance si en verve la veille a du poser un RTT aujourd’hui et le soleil chauffe déjà la face a 9h du mat. La première longueur emportée dans un style à l’arrachée confirme mon sentiment que ce n’est pas forcément le bon jour pour une tentative sérieuse.
Les longueurs suivantes suivantes se passent mieux et mouvement après mouvement je me sens rentrer dans le match. La cinquième passe aussi heureusement au premier essai, vu la température et l’état de mes doigts c’est encore un hold-up minéral qui vient de se produire. Reste cette vacherie de dernière pourtant que 7c+ sur le papier!
La canne à pêche providentielle de Pat me permettra de passer pour caler la section, ironie de l’histoire ce vil appendice de pleutres dont je me suis tant gaussé en d’autres temps va me sauver la croix ! Mais le soleil maintenant à son zénith nous rotit et c’est au prix de deux essais ‘a muerte’ et puisant dans les tréfonds de mes ressources physiques et mentales que j’évite l’abdication à la dernière longueur.
Finalement l’issue se termine bien, encore une fois la marge entre la réussite et l’échec est des plus ténue et m’aura couté de puiser loin en moi. Merci à Patrice , grimper avec lui c’est du velours ( quoique un peu broute doigts pour cette occasion!). Bravo à tous les répétiteurs et tout particulièrement aux filles c’est un sacré morceau !’
Crédit photo : Stefan Schlumpf