Serre Chevalier devient la première station de ski à produire sa propre électricité en combinant les trois énergies renouvelables avec de l’hydroélectricité, du photovoltaïque et du micro éolien. De quoi couvrir 30 % de ses besoins en électricité.
Quelques mois après le renouvellement de sa Délégation de Service Public pour une période de 30 ans avec les communes du Monêtier-les-Bains et de la Salle-les-Alpes, SCV-Domaine skiable, filiale de la Compagnie des Alpes, annonce la mise en place d’un programme d’ampleur de production d’électricité renouvelable.
Initié en 2016, partiellement déployé dès 2018 pour une mise en service intégral en 2021, ce projet utilisera simultanément ces trois technologies de production.
2.500 heures d’ensoleillement, un réseau de bassin versants, des cols bien exposés au vent
Reposant sur l’utilisation des infrastructures existantes pour en faire de réels supports aux sources d’énergie renouvelables et auto-consommables, l’investissement sur ce projet est de 3,6 millions d’euros.
Pourquoi un déploiement complémentaire de trois types d’EnR sur un domaine skiable ? Avec 2.500 heures annuelles d’ensoleillement, un réseau dense de bassin versants et des cols d’altitude bien exposés au vent, Serre Chevalier dispose d’un riche « patrimoine EnR ».
Une ressource naturelle multiple capable de produire 4,5 gigawattheures sur les 14,5 nécessaires au fonctionnement des 58 appareils de remontées mécaniques, de l’équipement de neige de culture (14 salles des machines, 577 enneigeurs), et de l’ensemble de ses installations tertiaires (bureau et bâtiments d’exploitation).
Panneaux photovoltaïques souples et micro-éoliennes
Le pari était aussi de faire sans impact majeur sur le paysage et les ressources. Donc les acteurs du projet ont choisi, pour une majeure partie des moyens de production, de se servir de la station comme support à la production d’EnR durant toute l’année.
Ainsi, ce sont les infrastructures qui consomment de l’énergie (gares de remontées mécaniques, réseau de neige de culture, bâtiments) qui vont servir « d’hôtes » aux équipements de production d’électricité.
Par ailleurs, SCV-Domaine skiable a souhaité impliquer les artisans et industriels de la Vallée en privilégiant notamment des savoir-faire locaux pour la conception de panneaux photovoltaïques souples et la fabrication de micro-éoliennes.
Comment fonctionne l’hydroélectricité ?
Entre bassins versants nombreux, retenues collinaires bien réparties, et réseaux existants d’acheminement de l’eau, l’équipement de neige de culture du domaine trouve une nouvelle fonction : produire 80 % des 4,5 GWh d’EnR du domaine.
Le principe est simple : captée sur deux sites de bassins versants (Chantemerle et Villeneuve le Bez), l’eau est filtrée et nettoyée de tous ses sédiments, acheminée par les canalisations du réseau d’enneigement dans les salles des machines du domaine, passée dans des turbines pour produire l’électricité, puis réintroduite dans son bassin d’origine.
L’impact sur le paysage et la ressource est quasi nul assure la station puisque l’utilisation des équipements existants de neige de culture ne nécessite aucune installation supplémentaire et l’eau est utilisée comme un moyen renouvelable et non comme une ressource consommée.
Comment fonctionne le photovoltaïque ?
Répartis sur plusieurs dizaines de sites du domaine, les 2370 m2 de panneaux solaires produiront 527 000 kWh soit 12 % de la production totale d’EnR. Le souhait de ne pas recourir au déploiement de grands fermes solaires installées en pleine vallée et de privilégier les toitures des installations de la station telles que celles des gares de remontées mécaniques et des bâtiments tertiaires a conduit SCV-Domaine skiable à mettre en place un démonstrateur de panneaux photovoltaïques souples, notamment sur la gare du télésiège débrayable des Vallons.
Cette technologie a été conçue au sein de la vallée par Sunwind et l’assemblage est réalisé, pour sa très grande partie, sur le territoire du Briançonnais. Plusieurs réalisations sont déjà en fonctionnement et l’intégralité des panneaux sera opérationnelle en 2021.
Comment fonctionne le micro-éolien ?
Dès mi-octobre, deux micro-éoliennes de conception différente et de taille raisonnable pour une meilleure intégration au paysage, seront installées pour tester leur résistance et leur efficacité face aux conditions climatiques d’altitude.
Un modèle de moins de 12 mètres de haut, à rotation horizontale, et d’une capacité de 10 kW sera conjointement posé par l’importateur français Enerlis, le fabricant estonien (spécialiste des éoliennes adaptées aux conditions nordiques) et les équipes du domaine skiable afin d’assurer le transfert de compétences nécessaires à son entretien.
Un second modèle servira de démonstrateur pour plusieurs avancées innovantes. Prototype de la société iséroise Collaborative Energy, cette éolienne de 6 mètres pour une production de 5 kW, fonctionne selon un principe de rotation verticale, grâce à des pales en bois fabriqués dans le Briançonnais. L’ensemble des travaux de chaudronnerie de la structure sont également réalisés en proche périmètre du domaine.
La mise en place du parc micro-éolien d’altitude permettra de produire 8 % des besoins en EnR de la station.
Dématérialisation du forfait : seconde phase du projet
Parallèlement au développement de la production d’EnR, SCV-Domaine skiable entame la deuxième partie de son chantier de dématérialisation du forfait. Réalisé avec le soutien d’Ixxi (Filiale de la RATP), ce projet avait connu une première étape test lors de la saison 2017 – 2018.
2018-2019 verra la phase de pré-industrialisation débuter avec une montée progressive tout au long de la saison, permettant à 2500 possesseurs de « forfait saison » de faire migrer leur titre physique vers le smartphone.
6 appareils de remontées mécaniques sont d’ores et déjà équipés de bornes permettant la lecture de ces forfaits dématérialisés et l’ensemble des skieurs du domaine pourront profiter de cette innovation ainsi que d’une nouvelle organisation des offres dès la saison 2019-2020.