En pleine exploration des fonds marins, des chercheurs canadiens ont fait une découverte aussi fascinante qu’inattendue : un volcan sous-marin, supposé endormi, s’est révélé être bien actif… et entièrement recouvert d’œufs coniques géants. Une scène quasi irréelle digne d’un film de science-fiction, mais bien réelle, à plus de 1 500 mètres sous la surface.
Un ancien volcan, pas si éteint que ça…
L’expédition, menée dans le Pacifique Nord-Est au large des côtes canadiennes, visait à cartographier un ancien mont sous-marin de plus de 1 100 mètres de haut, que les scientifiques considéraient comme éteint. Pourtant, dès les premières observations, l’équipe a vite compris que le site dégageait encore une activité géothermique intense.
Ce n’est pas la première fois que la nature nous prend à contrepied. En mer, comme sur Terre, les apparences sont parfois trompeuses. Mais ce qui a véritablement coupé le souffle des biologistes présents, ce n’était pas la chaleur volcanique… c’était ce qu’elle abritait.
Un tapis d’œufs de raies jamais vu
La biologiste Cherisse Du Preez, experte des grands fonds marins pour Pêches et Océans Canada, n’en croyait pas ses yeux. Le sommet du volcan était littéralement tapissé de centaines de milliers d’œufs, formant un champ étrange et hypnotisant à perte de vue. Ces œufs, reconnaissables à leur forme allongée et pointue, seraient ceux de la raie blanche du Pacifique, une espèce mystérieuse et peu observée.
Jusqu’ici, le seul site de ponte connu se situait aux îles Galápagos, où seules quelques dizaines d’œufs avaient été repérés. Ici, c’était une nurserie géante, peut-être unique au monde. « J’ai immédiatement compris l’importance de ce que nous avions devant nous », a déclaré Du Preez.
Une ponte en direct sous leurs yeux

Alors que l’équipe scrutait les abysses avec un robot téléguidé, un moment rare s’est produit : l’arrivée d’une raie blanche en pleine action de ponte. Elle a piqué droit vers le fond, s’est accrochée à un corail et a libéré un œuf en toute délicatesse. Une scène décrite comme « parfaitement chorégraphiée », qui a laissé les scientifiques sans voix.
On imagine difficilement l’émotion d’assister à un tel moment. C’est un peu comme surprendre une tortue de mer en train de pondre sur une plage déserte : magique, fragile et infiniment précieux.
Un volcan comme couveuse naturelle
Pourquoi pondre en plein cœur d’un volcan actif ? La chaleur, tout simplement. Les chercheurs pensent que cette température élevée agit comme une couveuse naturelle, réduisant considérablement le temps d’incubation de ces œufs, estimé à environ quatre ans. Dans les abysses, chaque degré compte, et la moindre chaleur peut faire la différence entre la vie et la mort.

Autre avantage : les coraux et roches volcaniques offrent des recoins parfaits pour dissimuler les œufs et les protéger des prédateurs. Les jeunes raies, une fois écloses, pourraient ensuite glisser dans les courants et rejoindre les zones plus profondes de l’océan pour continuer leur cycle de vie.