Après plusieurs mois d’enquête, la lumière est faite sur l’explosion du Starship lors du vol IFT-7 en janvier 2024¹. Une fuite critique, amplifiée par des vibrations inattendues, a causé la désintégration de la fusée en plein vol. Si SpaceX semble avoir tiré les leçons de l’accident, l’enquête continue sur d’autres incidents similaires.
Un départ spectaculaire… suivi d’une fin tragique
Tout avait pourtant commencé comme dans un film de science-fiction. Le 16 janvier 2024, le Starship IFT-7 décolle sans encombre, dans un grondement sourd typique des 33 moteurs Raptor 2 allumés simultanément. En à peine sept minutes, le premier étage — le Super Heavy Booster — revient vers la fameuse tour Mechazilla, où il est rattrapé avec une précision presque déroutante.
Mais huit minutes et quarante-cinq secondes après le décollage, la magie s’effondre : le deuxième étage se désintègre en plein ciel, au-dessus des îles Turques-et-Caïques. À ce moment-là, les équipes au sol perdent tout contact. Un silence pesant s’installe. Les spéculations vont bon train, jusqu’à ce que la FAA (Federal Aviation Administration) rende enfin ses conclusions fin mars 2024.
Le saviez-vous ? L’autodestruction des fusées en vol est une procédure standardisée déclenchée lorsque la trajectoire dévie dangereusement, héritée des programmes spatiaux des années 1960.
Fuite de carburant et vibrations meurtrières
D’après l’enquête validée par la FAA, le problème provient d’une fuite d’oxygène liquide, trop importante pour être gérée par les systèmes de ventilation du Starship. Résultat : les moteurs du vaisseau se sont arrêtés, entraînant une autodestruction automatique.
Mais le plus surprenant, c’est l’origine de cette fuite. Les experts évoquent un phénomène de « vibrations structurelles » — autrement dit, des oscillations inattendues ont amplifié les contraintes sur le système de propulsion jusqu’à provoquer sa rupture. Un ingénieur spatial résumait l’idée ainsi : « C’est comme si un violon grinçait si fort qu’il en brisait ses cordes. »
Face à cela, SpaceX a proposé 17 mesures correctives (et non 11), incluant un renforcement des structures sensibles et une meilleure gestion des pressions internes. La FAA a confirmé que ces mesures ont bien été appliquées avant le vol suivant (IFT-8 en mars 2024). Ce dernier a atteint ses objectifs majeurs malgré une perte de signal lors de la rentrée atmosphérique.
Un tournant dans la relation entre SpaceX et la FAA ?
Il fut un temps où les échanges entre la FAA et SpaceX ressemblaient plus à un bras de fer qu’à une collaboration fluide. Mais les temps changent. La rapidité avec laquelle la FAA a validé les rapports d’enquête — 28 jours pour IFT-7 contre 6 mois pour les premiers vols — peut être interprétée comme une nouvelle dynamique plus conciliante.
D’un point de vue industriel, cela reflète peut-être aussi la prise de conscience qu’une innovation aussi rapide n’est pas exempte d’échecs. Comme le rappelle le MIT Department of Aeronautics and Astronautics : « les vols expérimentaux, par nature, comportent un niveau de risque que la régulation doit accompagner, non empêcher ».
Un avenir encore semé d’embûches
Bien que l’enquête soit close pour IFT-7, celle du vol IFT-9 (juin 2024) reste ouverte après un atterrissage brutal du booster. Et les prochaines étapes de SpaceX, notamment en vue des missions lunaires Artemis pour la NASA, dépendront fortement de la capacité de l’entreprise à corriger définitivement ces défauts.
Dans l’industrie aérospatiale, chaque explosion est à la fois un échec et une leçon. À l’image de la célèbre citation de Thomas Edison : « Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 façons qui ne fonctionnent pas. »
Contexte : SpaceX a connu 5 échecs partiels ou totaux sur les 10 premiers vols Starship, un taux conforme aux prototypes spatiaux historiques comme Saturn V.
Il reste à espérer que SpaceX a bien trouvé celle qui fonctionne.