Avec les beaux jours, la vie reprend dans nos jardins… et pas seulement du côté des fleurs et des papillons. Certaines créatures, plus discrètes, sortent elles aussi de leur torpeur. Parmi elles, les vipères trouvent parfois refuge tout près des maisons, dans un endroit auquel on ne pense pas forcément… mais qu’elles affectionnent : les tas de bois et de pierres. *Ces structures offrent cachettes et microclimats (chaleur/ombre) recherchés par les reptiles.*¹
Pourquoi les tas de bois et de pierres attirent-ils les vipères ?
Un amas de bûches au fond du jardin, un tas de pierres oublié près d’un mur… Pour nous, c’est un coin de rangement. Pour une vipère, c’est un abri : sombre, à l’abri des prédateurs, capable de retenir la chaleur accumulée et de fournir des zones fraîches en profondeur — utile à la thermorégulation des reptiles.¹ ²
Le saviez-vous. En France, toutes les espèces de serpents sont protégées : les détruire, les capturer ou dégrader leurs habitats est interdit. Mieux vaut éloigner ou déplacer les abris problématiques que chercher à éliminer l’animal.³
Les vipères utilisent ces abris surtout du printemps à l’été : exposition au soleil pour se réchauffer, retrait dans la fraîcheur d’un interstice aux heures chaudes — un va-et-vient classique chez les ectothermes.²
Quels sont les risques si on laisse ces abris en place ?
La première menace est évidemment la morsure (accident défensif). Chez l’humain, on observe typiquement douleur, gonflement (œdème) et signes généraux variables ; la prise en charge est hospitalière et peut, dans les cas modérés à sévères, recourir à un antivenimeux (VIPERFAV®).⁴
En France, on recense environ 300 morsures de vipère par an en moyenne (ordre de grandeur national), un chiffre variable selon les régions.⁵ Le saviez-vous. Les décès sont rares en métropole (ordinairement 0 à 2/an selon les séries).⁶
Les chiens peuvent aussi être mordus en exploration autour des bûches : un avis vétérinaire rapide s’impose.⁷
Les autorités sanitaires rappellent que les serpents mordent pour se défendre ; les mains et les pieds sont le plus souvent concernés lors des manipulations de bois, pierres ou végétation dense.⁸
Comment réduire les risques dans votre jardin ?
Quelques gestes simples peuvent limiter l’attrait de votre terrain pour les vipères :
• Éviter d’empiler bois ou pierres à proximité immédiate de l’habitation ; déplacez-les au fond du terrain (ou, si vous souhaitez favoriser la biodiversité, regroupez-les loin des zones de passage).¹ ⁹
• Réorganiser/déplacer périodiquement les tas existants : un abri souvent remanié devient moins attractif.¹
• Tondre et débroussailler autour de ces zones pour réduire les cachettes.¹
• Porter chaussures fermées, vêtements couvrants et gants épais lors des manipulations de tas de bois/pierres.⁸
• Éviter les pseudo-solutions : les répulsifs chimiques n’ont pas d’efficacité probante, et les clôtures anti-faune peuvent fragmenter les habitats ; à réserver à des cas très particuliers et posées avec expertise.⁹ ¹⁰
En cas de morsure, appelez le 15 (ou 112) sans délai, limitez les mouvements, n’incisez pas, ne sucez pas la plaie, ne posez pas de garrot ; l’antivenimeux n’est administré qu’à l’hôpital.⁴ ⁸
Protéger votre jardin et votre famille passe par la connaissance de ces zones à risque. Un peu d’entretien préventif suffit souvent à éviter une rencontre désagréable avec ces voisines silencieuses… que la loi nous invite aussi à respecter.³
Notes de bas de page (sources)
- LPO – “Mieux connaître les reptiles pour mieux les protéger” ; GMHL – “Des serpents dans mon jardin” (fiche technique) — https://www.lpo.fr/lpo-locales/lpo-bretagne/actu-bretagne/actu-bretagne-2025/mieux-connaitre-les-reptiles-pour-mieux-les-proteger ; https://gmhl.asso.fr/wp-content/uploads/2023/04/Serpents-dans-mon-jardin_Fiche-technique.pdf lpo.frgmhl.asso.fr
- SHNA– “Vipère aspic : mode de vie & habitat” — https://www.shna-ofab.fr/fr/fiches-especes/vipere-aspic-vipera-aspis_45_T78130.html
- Legifrance – “Arrêté du 8 janvier 2021 : amphibiens et reptiles protégés” — https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043113964 Legifrance
- CAP CHU Lille – “Vipère et envenimations” (VIPERFAV®, gestes à faire/ne pas faire) — https://www.cap.chu-lille.fr/viperes-et-envenimations/ cap.chu-lille.fr
- Société de Toxicologie Clinique – “Morsure de vipère en France : préconisation de la STC” — https://www.toxicologie-clinique.org/outils-pratiques/morsure-de-vipere-en-france-preconisation-de-la-stc/ toxicologie-clinique.org
- Institut Bouisson-Bertrand (EMC) – “Envenimations & morsures animales” — https://www.bouisson-bertrand.fr/wp-content/uploads/2019/01/envenimations-emc.pdf bouisson-bertrand.fr
- Centre Antipoison Animal (conseils en cas de morsure chez le chien) — https://www.centre-antipoison-animal.com/les-viperes.html centre-antipoison-animal.com
- ARS Auvergne-Rhône-Alpes – “Morsure de serpents : comment se protéger” ; Ameli.fr – “Morsures de serpents : que faire ?” — https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/morsure-de-serpents-comment-se-proteger ; https://www.ameli.fr/assure/sante/urgence/morsures-griffures-piqures/morsure-serpent auvergne-rhone-alpes.ars.sante.frameli.fr
- InfoFauna/KARCH (CH) – “Serpent dans votre jardin ? Que faire” — https://www.infofauna.ch/fr/centres-de-coordination-nationaux/reptiles-karch/questions-reponses/serpent-dans-votre-jardin (répulsifs inefficaces ; structures à éviter près de la maison) infofauna.ch
- Trame verte & bleue – “Impacts écologiques des clôtures : bonnes pratiques” — https://www.trameverteetbleue.fr/sites/default/files/references_bibliographiques/impacts_ecologiques_des_clotures_bp_cpv_2023-07-28_0.pdf trameverteetbleue.fr