L’alpinisme à main nue : qui était Patrick Edlinger en 1983

A écouter (ou réécouter pour les plus anciens ;)) « Patrick Edlinger : l’alpinisme à mains nues », réalisé en 1983, et rediffusé récemment dans le cadre des Nuits de France Culture. Un documentaire sonore de 35 minutes.

L’occasion de retrouver un Patrick Edlinger dans les premières années de sa carrière de grimpeur de haut niveau. Il réalise alors des solos dans des voies cotées 7a. Il ouvre aussi Ça Glisse Au Pays des Merveilles (1983, second 8a en France) ou La Boule (1985, cinquième 8a+ en France).

Patrick Edlinger est dans les années 1980 la personnalité préférée des Français. Cette émission est très représentative de l’intérêt soudain que portent les français à l’escalade, par le medium de Patrick Edlinger.

L’introduction de l’émission :

Dans « La vie au bout des doigts », un documentaire Jean-Paul Janssen réalisé en 1982, on peut voir Patrick Edlinger escalader en solo intégral, c’est-à-dire à mains nues, sans corde, sans baudrier, sans aucun autre matériel que ses chaussures.

La séquence finale du film particulièrement impressionnante, le montre à l’assaut d’une paroi verticale haute de plusieurs centaines de mètres dans le Lubéron. Sur ces images, la fluidité des mouvements du grimpeur, la régularité de sa progression et son apparente absence d’effort, composent une chorégraphie fascinante.

Ce film fit de Patrick Edlinger une vedette et contribua à faire de l’escalade un sport populaire. En 1983, dans l’émission « Raison d’être », Geneviève Ladouès, allait à sa rencontre lors d’une séance d’entraînement dans la forêt de Fontainebleau et l’interrogeait sur cette pratique, dont on comprend qu’elle était pour lui aussi un art de vivre.

Le bruit du sac à pof qui fouette les blocs de grès pour une meilleure adhérence, les semelles des chaussons que l’on lisse avec les mains pour enlever les derniers grains de sable… Rencontre avec le mythique grimpeur Patrick Edlinger parmi les blocs de la forêt de Fontainebleau en 1983.

Qui était Patrick Edlinger ?

« Ce qui reste incroyable, c’est qu’il représente toujours quelque chose pour les jeunes. Ils ne savent plus trop ce qu’il a fait mais son nom est resté. Comme Herzog à l’Annapurna avec l’alpinisme, Patrick Edlinger a fait rentrer l’escalade dans l’histoire de France » mentionne son ami d’enfance Jean-Michel Asselin.

Grimpeur français né le 15 juin 1960, réputé pour ses ascensions en solo intégral, il fut l’un des pionniers de l’escalade libre de haut niveau. Il a été dans les années 80 l’une des premières figures médiatiques de la discipline.

Initié à l’escalade à l’âge de neuf ans, Patrick Edlinger décide de s’y consacrer pleinement à dix-huit ans. Faute de trouver des partenaires pour l’assurer, il décide de grimper en solo.

Avec Patrick Berhault il s’illustre par des réalisations difficiles pour l’époque. Il fait connaître l’escalade au grand public grâce aux documentaires de Jean-Paul Janssen : La Vie au bout des doigts et Opéra vertical. Le grimpeur y escalade en libre et pour partie en solo intégral des voies des sites de Buoux dans le Luberon et des gorges du Verdon.

Il est néanmoins contesté dans son statut de meilleur grimpeur du moment par les frères Le Ménestrel et Jean-Baptiste Tribout. Patrick Edlinger répète les Spécialistes, une voie ouverte par Jean-Baptiste Tribout. Il décote cette dernière de 8c, la cotation attribuée par Jean-Baptiste Tribout, à 8b+.

En 1995, il est victime d’un grave accident dans les calanques de Marseille sur une voie en 7b. Il chute de dix-huit mètres. Patrick Edlinger se retire alors du haut niveau de l’escalade. Il cesse la pratique du solo à la naissance de sa fille en 2002.

Il meurt accidentellement d’une chute le 16 novembre 2012 à son domicile de La Palud-sur-Verdon.

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