Cinq jours après l’accident, affolé par les agences qui plient bagage, le gouvernement népalais ne veut pas perdre la face et envoie une délégation sur place pour mettre fin à la crise. On répète aux sherpas que leurs revendications ont été entendues. Mais trop souvent considérés comme des matwalis (buveurs d’alcool) et des illettrés par les hautes castes, ils n’y croient pas. Les indemnités versées en cas d’accident ou de décès restent fixées à environ 10 000 dollars (7 250 euros). ‘Avec cette somme, une veuve ne peut pas construire le 1/1 000e d’un hôtel ordinaire’, commente Henry Sigayret. Dans ce pays de colporteurs sans route, tout le monde marche et porte tout le temps. Des portes, des poutres, des frigos, des sacs d’orge, des hommes… Le jour où un câble sera tiré entre les montagnes, c’est tout un monde qui disparaîtra. Peut-être auront-ils la chance de porter autre chose que la misère du monde. Et pour tous ceux qui n’auront pas pu ouvrir de commerces ou de lodges, la vie sera très dure.