Chroniques du K2 : camp de base

Guide de haute montagne et cinéaste, François Damilano est au Pakistan pour une nouvelle expédition himalayenne. Pour Libération, il distille quelques cartes postales d’altitude depuis le K2, second sommet de la Terre (8611 m).

«François, what are we doing here?» («François, qu’est-ce qu’on fait là?»)

Le guide Andreas entre dans la tente mess avec la tête des mauvais jours. Il n’a pas beaucoup dormi. Trop d’images tournent dans sa tête. La responsabilité du groupe, l’ampleur du projet.

«Did you hear the mountain last night?» («As-tu entendu la montagne cette nuit?»)

Oui j’ai entendu. Les montagnes bougent.

Non, moi non plus je n’ai pas beaucoup dormi. Le sommeil fuyant, je me suis pelotonné dans mon sac de couchage, ouvert l’ordi et trié les photos du début de notre périple.

Les pistes chaotiques entre Skardu et Askole ponctuées des traversées de torrents et de coulées de boue. L’approche du glacier du Baltoro dans une vallée strictement minérale: aucun alpage, aucune masure, pas d’homme. L’apparition du Paiju Peak, des tours de Trango, des parois de Ca-thedral, hallucinantes falaises culminant à plus de 6000 mètres et qui ont attiré quelques-unes des meilleures roc stars du monde. Puis un peu plus loin, les imposants Masherbrum et Gasherbrum IV, juste un peu moins de 8000 mètres d’altitude mais d’une raideur qui empêche l’imagination d’y dessiner un itinéraire possible. Nous avons cheminé ainsi six longues journées à passer d’une rive à l’autre d’un des plus grands glaciers d’Himalaya, à nous perdre au milieu d’interminables moraines sous la chaleur du début d’été pakistanais. Six jours à côtoyer les porteurs et les muletiers qui transportent nos centaines de kilos de vivre et de matériel nécessaire à une expédition de deux mois.

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