Consultation Internet sur la stratégie de la biodiversité : des incohérences menant aux conflits

 

La consultation internet du public sur la futur Stratégie nationale de la biodiversité est ouverte depuis le mois de mars.

Dans la continuité du Grenelle Environnement, le ministère en charge de l’Écologie organise une consultation publique afin d’associer les citoyens à l’élaboration de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020, sur le thème : « 2011-2020 : quelle stratégie pour préserver la biodiversité en France ? ».

Les internautes peuvent, depuis quelques semaines déjà, donner leur avis sur les futures priorités de cette Stratégie nationale pour la biodiversité et proposer des actions concrètes. Ces avis et propositions seront soumis au Comité de révision dans le cadre de l’élaboration du texte de la Stratégie.


Pour participer à la consultation

La date limite de participation est fixée au 15 avril. Cette participation est possible en cliquant sur ce lien.

En savoir plus sur la Stratégie nationale pour la biodiversité

 

Les incohérences dans les Pyrénées

Compte tenu des problèmes existants avec l’ours dans les Pyrénées, nous avons voulu en savoir plus. Le constat est assez surprenant.

Nous voyons que l’État a dissocié la problématique de l’ours de la biodiversité. De quelle manière ?



  1. Il a été lancé, via le comité de massif des Pyrénées, une réflexion sur la stratégie pyrénéenne de la biodiversité. A notre connaissance, les discussions ne font que débuter et n’inclues pas l’ours qui fait l’objet d’une autre démarche


  2. L’ONCFS des Pyrénées-Atlantiques a fait une demande d’introduction d’une ourse dans ce département avant la mise en place de cette stratégie pyrénéenne de la biodiversité et sans référence à la stratégie nationale en cours de consultation


  3. Il est lancé, au niveau national, comme indiqué ci-dessus, une consultation sur la stratégie nationale de la biodiversité sans s’occuper de la stratégie pyrénéenne qui pourrait être élaborée. Les deux démarches étant indépendantes tout comme celle de l’ours.


  4. Les Parcs Naturels régionaux des Pyrénées Catalanes et des Pyrénées Ariégeoises ont leur propre Charte et leur propre stratégie


  5. Le Parc National des Pyrénées qui s’est, en son temps, positionné contre les introductions d’ours et dont le Président est hostile à ces introductions, n’a pas encore reçu la validation de ses Chartes notamment pour la zone d’adhésion. Il s’agit encore d’une démarche parallèle sans aucun lien avec le reste.



Face à toutes ces démarches sans aucune relation même si la finalité se rejoint, la lisibilité de la stratégie est difficile d’autant que le cloisonnement des démarches conduit à des incohérences.

Diviser pour régner et… conduire à des conflits

En multipliant les démarches, notamment vers des acteurs non concernés par les problématiques locales, il est plus facile pour les fonctionnaires de l’État de faire des synthèses sans participation ni contrôle démocratique comme l’exige la charte constitutionnelle de l’environnement et le Code de l’Environnement. Les consultations actuelles pourraient n’être que des faire-valoirs d’un système administratif qui s’impose depuis le Ministère de l’Écologie.

Par ailleurs, le récent livre de Fabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie », met en lumière, en version très soft et partielle, des situations liées au comportement des associations environnementalistes comme FNE et le WWF. Le rôle de ces organisations a déjà été dénoncé, et depuis longtemps, par les associations d’éleveurs de montagne et les organisations syndicales agricoles. La multiplication de ces procédures et consultations contestées, comme récemment pour les tirs de loups, pourraient bien conduire à des rejets des acteurs et des manifestations de mécontentement dont on semble ignorer ou minimiser l’ampleur possible. (Cf. Cas de la Fédérations de Acteurs Ruraux dans les Alpes)

Les éleveurs ne sont pas les seuls concernés

Lorsque nous parlons de biodiversité en montagne et d’une manière générale en milieu rural, nous avons le plus souvent en ligne de mire les agriculteurs et les éleveurs. Le pastoralisme est regardé comme un comportement passéiste en voie de disparition sans intérêt pour la nature que l’on doit laisser se gérer seule pour « un retour 2000 ans en arrière » comme le suggère un rapport de WWF / FERUS / ADET Pays de l’ours. On peut toujours rêver….

Nous oublions qu’en montagne, c’est grâce à l’action conjuguée de l’homme et de ses animaux que nous avons une biodiversité parfaitement conservée, voir améliorée (Cf. Expédition de Candolle dans les Pyrénées refaite 200 ans après la première). C’est aussi grâce à cette action que nous avons des milieux ouverts, qui font la qualité et la diversité des paysages appréciés autant par les touristes traditionnels que par les randonneurs et les skieurs. Sans ces espaces entretenus avec les bêtes d’élevage, tout le milieu serait ensauvagé. C’est aussi grâce à ces actions hommes – bêtes qu’il est possible de lutter contre la multiplicité des avalanches et les incendies. C’est ce que les spécialistes appellent « des externalités positives ». Mais, dans ce cadre, nous devons avoir une vision globale qui ne doit pas s’arrêter à la seule biodiversité.

 

Dans ces milieux montagnards qui sont habités et / ou qui servent à des activités humaines (tourisme, randonnée, vtt, ski, élevage…), nous ne pouvons parler de biodiversité que dans un cadre de développement soutenable avec ses trois piliers : environnement, social et économique aux quels il faudrait rajouter un pilier culturel. Pour cela il faut avoir une vision globale de la situation à partir d’un diagnostique partagé et accepté par les populations concernées. Cloisonner, diviser, avec une vision étriquée ne peut conduire qu’à des initiatives partielles qui ne manqueront pas d’être conflictuelles.

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