Critique film : Better Than Chocolate

Better Than Chocolate, un belge à la découverte du patrimoine bloc helvétique



Le belge Haroun Souirji a parcouru la Suisse l’été et l’automne dernier afin de réaliser un film documentaire sur les principaux spots de bloc helvètes avec pour chacun une revue des principaux problèmes extrêmes. Au final, un road-trip d’une heure consacré au haut niveau en bloc avec  une pléiade de forts grimpeurs en action dans des problèmes sordides : l’infatigable américain Paul Robinson, le fougueux finlandais Andy Gullsten, l’enthousiaste italien Michele Caminati, le sympathique australien Chris Webb-Parsons, le puissant belge Olivier Mignon, la gracieuse allemande Juliane Wurm, le suisse Fred Moix, ou encore les frenchies Antoine Eydoux et Nicolas Nastorg pour ne citer que les principaux,…


 
« Better than chocolate » n’est que le second opus d’Haroun, qui avait juste produit précédemment un court métrage sur l’escalade à Fontainebleau « Simple Reasons » (7 minutes) qui avait connu un grand succès lors de sa diffusion il y un an.
Ce qui frappe d’entrée au visionnage de « Better than chocolate », c’est le côté très dynamique du montage qui fait que le film est réellement captivant du début à la fin. Prenez votre respiration, pendant une heure c’est parti ! Peu de temps morts, peu de longues interviews blabla où on somnole, les séquences s’articulent admirablement bien et il y a peu de choses à jeter. Le film est articulé autour des différents secteurs de bloc présentés : Magic Wood, le Valais, puis le Tessin, avec pour chacun une ribambelle de réalisations de blocs durs avec des acteurs différents. Et jamais on ne s’ennuie vraiment tellement les angles de vue sont multiples pour un même passage avec souvent des superbes prises en plongée et en grand angle (réalisées à la perche), des ralentis et zooms judicieux et nombreux sur des préhension-clé,  et des panoramiques sur l’ambiance du spot admirables. D’autant plus qu’Haroun jongle aisément entre blocs difficiles, Highball, sessions de nuit, bloc sous la neige, paysages féériques avec une mise en scène à chaque fois bien réussie et une bande son électro particulièrement excellente, qui colle super bien aux images.


« Better than chocolate » n’en reste pas moins un film assez élitiste avec la difficulté de la majorité des blocs présentés qui navigue dans le 8ème degré. On a droit à un panel de premières ascensions extrêmes comme « Belle luna » (8B) par Webb-Parsons, « Ill trill » (8C) par Robinson ou encore « Dark sakai » (8B) par Andy Gullsten. Mais ce ne sont pas forcément les passages les plus impressionnants du film. Comment ne pas rester insensible sur l’énergie mise par Robert Leistner dans « Permanent Midnight », le 8B de Dave Graham à Fionnay, ou encore plus tard le sang-froid médusant de Robert dans l’effrayante arête de « Rythm and stealth », la tonicité de Paul Robinson sur les plats infâmes du réta de « From dirt grows the flowers » (8C à Chironico), l’aisance d’un Gullsten sur les arquées atroces de « Kirk Windstein » (8A+, Cresciano) ou encore la science du gainage et de la compression démontrée par Michele Caminati dans le magnifique toît de « The Dagger » 8B+ à Magic Wood.

Mais cet aspect performance/jet set/ action est quand même  contrebalancé par des séquences plus carte postales, comme la présentation du magnifique et tranquille plateau de San Gottardo ou alors la mise en évidence de passages plus historiques faisant référence au développement du bloc en Suisse. Ainsi le film débute par quels mots de Thomas Steinbrugger développeur de Magic Wood, agrémentés par des images d’archive avec une apparition de Bernd Zangerl, nous passons un peu plus tard faire un tour au pied de « Radja » premier 8B+ bloc mondial ouvert par Fred Nicole en compagnie de Fred Moix, nous rencontrons ensuite le local Andrea Von Wyl qui nous décrit le Tessin, et le film se clôture avec l’incontournable légende suisse Fred Nicole qui nous présente sa dernière ouverture « I portici » à Osogna.


Bref, pour une première production, Haroun Souirji frappe un grand coup et et en évidence un potentiel intéressant en vue des prochains métrages qu’il a derrière la tête. Les spots de bloc helvétiques sont superbement mis en valeur et l’intensité du film est soutenue, que ce soit au niveau des réalisations, montrant que le pays du chocolat recèle d’une concentration de blocs extrêmes particulièrement inouïe, et  aussi car on sent qu’il y eu beaucoup de travail de la part du réalisateur pour arriver à ce beau produit fini. Des angles de vue inombrables, des ralentis somptueux, de nombreuses prises de vue et voyages depuis la Belgique. Ce ‘Better than chocolate’ s’inscrit à coup sûr comme un (le ?) des meilleurs films d’escalade de ce premier semestre 2011. On terminerait avec une note chauvine en disant à Haroun qu’on aimerait bien le voir produire un long métrage de la sorte mettant en valeur nos sites de bloc hexagonaux. On attend une nouvelle livraison déjà avec impatience…
Le trailer du film
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