Critique Film : Nouvelle Vague

‘Nouvelle vague’ est un documentaire paru l’an dernier sur l’escalade urbaine, une pratique qui se développe de plus en plus dans nos cités depuis la fin des années 80 et qui connaît une hausse de fréquentation suite aux solos d’Alain Robert aux 4 coins du Monde ou grâce au développement de pratiques urbaines proches comme le parkour (grâce aux vidéos de David Belle ou encore à la sortie du film Yamakasi en 2001). Produit par les frères Boissenot (Red Point Movie), ‘Nouvelle Vague’ propose 40 minutes d’escalade urbaine dans la ville suisse de Genève avec une bande de grimpeurs : Giovanni Quirici, Elie Chevieux, Loic Gaidioz, Etienne Lyard, Luca Preti, ou encore Tony Lamiche et Liv Sansoz. Le premier film sur l’escalade urbaine fait par des français !


La première chose qui marque dans ce film est la quasi absence de paroles et dialogue : pas de commentaires de la part des acteurs, pas de voie off explicative. Un choix délibéré de la part des réalisateurs qui veulent nous immerger au plus profond de cette pratique sauvage, et surement laisser les images parler d’elles-mêmes sans nous influencer. Ainsi on se prend au jeu et on se visualise grimper sur ces bâtiments dans la peau de l’acteur. Quelles sensations cela nous procurerait ? Apprécierait-on cette ascension si on était à sa place ? Telles sont les questions que je me pose à l’issue du visionnage. Les profils sont variés et il y en a pour tous les goûts : arche de ponts, rebords et jointures en tout genre, briques, angles parfaits, colonnes, cannelures, statues, toîts, sculptures urbaines en tout genre… Des jetés, de la compression, des Dülfer, des fissures, des réglettes, des cheminées, des no foot, les escalades s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Le choix des lignes à parcourir a été minutieusement préparé et on se régale à voir le grimpeur évoluer sur ses formes atypiques demandant souvent une technique assez complexe et fine.

On trouve essentiellement des passages réalisés en bloc mais aussi de l‘escalade encordée avec quelques bâtiments gravis en plaçant les protections s’il vous plaît ! Des ressentis qui mêlent à la fois le fun de la pratique sur un support nouveau, une gestuelle enrichie sans codes et sans limites mais aussi un côté mental où les pratiquants semblent concentrés comme jamais pour réussir leurs ascensions.  Un clin d’œil est fait au père spirituel de la discipline, Alain Robert avec des impressionnantes images en caméra embarquée lors de son solo de la tour GDF Suez (La défense, en 2010). Quelques secondes, on s’emballe à grand coup de fortes respirations, d’adrénaline et de gaz.

Etant donné que la plupart des images tournées s’articulent sur du bloc, on peut être surpris de ne pas voir beaucoup de chutes, d’autant plus que les passages réalisés n’ont pas l’air bien faciles pour certains ! La place donnée au mouvement et à la gestuelle semble en effet prépondérante par rapport aux notions de risque et d’engagement, et aussi de difficulté et de performance. La notion d’interdit, de gêne pour le voisinage ou d’autorisation pour filmer ou grimper tel ou tel batiment est complètement éludée. Le message véhiculé dans ‘Nouvelle Vague’ paraît du coup davantage esthétique, la grimpe urbaine pouvant ici être appréhendée presque comme une forme d’expression corporelle et artistique libre, proche de la danse escalade.

Bref, ‘Nouvelle vague’ est un joli concentré des possibilités qu’offre l’escalade urbaine. Après avoir regardé ce DVD, vous ne regarderez plus du même œil votre environnement urbain quotidien. Avec un peu d’imagination, il y a de quoi grimper dans tous nos centres-villes !

Le trailer de ‘Nouvelle vague’
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