‘Crétins des Alpes’, l’injure du capitaine Haddock a popularisé à la fois l’expression et un phénomène historique.
Le goitre et le crétinisme sont dus à une carence en iode.
Au départ, tout vient d’une substance essentielle à la croissance et au développement, l’iode, molécule de la classe des halogènes, que l’organisme humain ne peut néanmoins stocker en grande quantité et pendant une longue durée, d’où la nécessité de mesures infinitésimales et d’un soin permanent pour résoudre le grand problème d’un équilibre subtil entre une carence dangereuse et un excès tout aussi pernicieux. Autre difficulté dans la contradiction d’une substance si réduite chez l’humain et si abondante dans la nature, puisqu’on peut la trouver assez facilement dans l’eau et plus aisément encore dans le sel marin, à la condition bien sûr de le savoir et de pouvoir en disposer, ce qui n’est parfois et souvent même guère facile géographiquement ou techniquement.
L’iode est un produit naturel largement répandu dans la nature, l’essentiel pour chaque individu étant d’en absorber une quantité suffisante pour produire sa propre hormone iodée, apport essentiel donc même s’il est très réduit.
Le goitre
Ce gonflement du cou est un phénomène assez courant. Souvent, il est sans effet négatif majeur.
En effet, le goitre ‘simple’, typiquement féminin, de mécanisme adaptatif, souvent lié au stress, corespond à une excroissance de la thyroïde, obligée de se gonfler pour assurer une sécrétion suffisante d’hormones. Il ne gêne ni la digestion ni la respiration, et même à certaines époques il a pu apparaître comme un facteur d’élégance.
Son explication est complexe car il est dû aussi bien à une hyper qu’à une hypothyroidie.
Différentes théories se succédèrent jusqu’à ce que l’on fut unanimement convaincu que le problème venait du fait que l’eau ne contenait pas d‘iode. Sur un autre plan, une prédisposition génétique familiale semble incontestablement favorable à l’apparition du goitre.
Le crétinisme
Tous les goitreux ne sont pas, heureusement, atteints de crétinisme, mais l’inverse est vrai. Le goitre est en soi une affection qui apparaît à un moment donné, se développe et se réduit ensuite selon les circonstances, alors que le crétinisme est un phénomène de naissance dû au fait que des femmes atteintes (en général accidentellement) ont le risque de mettre au monde des enfants affectés, eux, irrémédiablement dès l’accouchement (puisque la déficience thyroïdienne est d’origine foetale) et, de ce fait, avec une croissance et un développement compromis dès l’origine.
Le crétinisme est la manifestation la plus douloureuse et la plus frappante de la déficience thyroïdienne associée au goitre (ici l’hypothyroïdie).
Le crétinisme est un mot soi-disant d’origine patoisante (franco-provençale pour les uns, valaisanne ou grisonne pour les autres). Selon Fodéré, le terme vient de ‘chrétien’ (c’est d’ailleurs ainsi qu’on les appelle en Lombardie) car pauvre en esprit et en tous les cas incapable de pécher, à distinguer de l’l’idiot’ (alors que les Anglo-américains ne connaissent que cette dernière appellation plus générale et communément sans aucune relation avec le goitre).
Néanmoins, on peut aussi supposer que le terme vient de ‘creta’ (la craie) en référence au teint blême et blafard des infirmes.