Amateurs de casse-têtes et de curiosités visuelles, celui-ci devrait vous plaire. Aujourd’hui, on voyage dans le temps, direction la fin du XIXᵉ siècle, pour découvrir une illusion d’optique aussi poétique que maligne.
Le mystère au cœur d’une rose
L’image en question n’est pas toute récente : il s’agit très probablement d’une illustration de la fin du XIXᵉ siècle, dans la lignée des cartes-puzzles et rébus pour enfants alors en vogue dans la presse et l’édition populaires en France (l’attribution exacte de cette planche reste toutefois incertaine).¹² Ce cadrage prudent permet d’éviter une datation trop précise faute de source d’origine formelle.¹²
À première vue, on y voit simplement une rose aux pétales généreux. Mais en y regardant de plus près, un détail caché se dévoile : un visage de jeune fille s’y dissimule.
Votre mission : repérer ce visage en moins de 20 secondes. Pas de triche, on active le chrono et on se concentre.
La solution : un retournement de perspective
Vous n’avez rien vu ? Pas de panique, cette énigme visuelle joue sur notre perception. L’astuce est toute simple : il faut retourner l’image. En inversant la rose, les pétales dessinent alors clairement les traits du visage — les yeux, le nez et la bouche apparaissent… comme par magie. Ce mécanisme illustre un phénomène documenté en psychologie : l’orientation du stimulus modifie fortement la reconnaissance, en particulier pour les visages (effet d’inversion).³

Le saviez-vous ? Notre cerveau ne se contente pas d’“enregistrer” ce qu’il voit : il prédit en permanence ce qu’il s’attend à percevoir, puis corrige ses erreurs — un cadre théorique souvent mobilisé pour expliquer nombre d’illusions visuelles.⁴
L’important, c’est de jouer
C’est un bel exemple de la façon dont notre cerveau interprète les formes selon l’orientation et le contexte. Les psychologues et spécialistes des sciences cognitives l’utilisent volontiers pour expliquer certains biais de la perception : les visages à l’envers sont, de manière générale, plus difficiles à analyser que les visages à l’endroit.³⁴
Le saviez-vous ? Voir des visages partout n’est pas un défaut : c’est une tendance robuste de notre système visuel (on parle de paréidolie). Des travaux récents suggèrent même que, très tôt, des indices sensoriels (comme certaines odeurs chez le nourrisson) peuvent amorcer la détection de visages… démontrant combien ce traitement est précoce et prioritaire pour le cerveau.⁵
Si vous avez trouvé, bravo pour votre sens de l’observation ! Sinon, pas de quoi rougir : l’essentiel avec ce genre de défis visuels est de s’amuser tout en sollicitant son attention. Pour rester exact, rappelons que les jeux d’entraînement cognitif améliorent surtout les tâches entraînées à court terme ; un bénéfice généralisé à d’autres capacités reste débattu selon l’Inserm.⁶
Notes de bas de page (sources)
- Le rire dans la presse française au 19ᵉ siècle — https://essentiels.bnf.fr/fr/societe/medias/e271dfb5-d4ff-4843-9a9f-cea9a57a3a65-pastiches-presse/article/0ea32a15-69db-449f-9ae7-3278da3c94e0-rire-dans-presse-francaise-19e-siecle
- « TÊTE À TÊTE » (Rébus & devinettes, XIXᵉ s.) – Revue des livres pour enfants (BnF/CNLJ) — https://cnlj.bnf.fr/sites/default/files/revues_document_joint/PUBLICATION_3350.pdf
- La mémoire des visages (Intellectica/Persée) — https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1983_num_83_1_28458
- Illusions visuelles : leur origine est dans la prédiction (CNRS Biologie) — https://www.insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/illusions-visuelles-leur-origine-est-dans-la-prediction
- Grâce à l’odeur de leur mère, les bébés voient des visages partout ! (CNRS Biologie, 2021) — https://www.insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/grace-lodeur-de-leur-mere-les-bebes-voient-des-visages-partout
- Déficiences intellectuelles – Synthèse (Inserm, 2016) : remédiation cognitive et transfert — https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/media/entity_documents/inserm-ec-2016-deficiencesintellectuelles-synthese.pdf