Alors qu’Adam Ondra est en train d’écrire les pages de l’escalade libre avec une régularité dans des niveaux de cotation martiens, qu’Enzo Oddo diversifie sa palette de qualités en ce mettant un peu au bloc, d’autres plus jeunes pointent de plus en plus le bout de leur nez en réalisant d’énormes perfomances à un âge très avancé.
C’est le cas de l’italien Tito Traversa (9 ans) ou de Brooke Raboutou, la fille de Didier et Robyn, qui vient de signer un 8b à 9 ans, la plus grosse performance féminine jamais réalisée à cet âge là.
Côté bloc, une japonaise résidant à New York, Ashima Shiraishi (9 ans aussi) est en train de casser la baraque. Figurez vous que cette semaine, à un contrôle de ballant prêt qu’elle n’arrivait pas à contrôler, Ashima était sur le point de s’offrir son premier 8A+ bloc avec ‘Right Martini’ à Hueco Tanks. La jeune japonaise s’offre tout de même lors de son séjour ‘Chablanke’, (8A/A+) et d’autres problèmes dans le 7C/8A ! Source : Big Up
De telles performances nous laissent admiratifs, mais j’entends déjà certains s’indigner en avançant que peut-être la violence des efforts subis par ces jeunes corps en pleine croissance nuit au développement futur de l’enfant. Pas plus que dans d’autres activités sportives comme le football, le tennis, l’athlétisme où le recrutement s’effectue aussi très jeune. Et puis on est quand même loin des marathoniens de 4 ans ou des petites gymnastes chinoises non ? Ce qui semble être primordial, c’est le contexte dans lequel s’effectue ces performances. Le plaisir et la motivation que trouve l’enfant à pratiquer l’escalade et l’équilibre psychique qui se dégage de ce jeu est la clé. Si cet équilibre est préservé sainement en désacralisant un maximum la performance, alors l’enfant acceptera sa plus forte fatigabilité, et comprendra qu’il ne joue pas dans la même cour que l’adulte qu’il veut imiter. Car il est pour l’instant limité sur le plan des qualités physiques ou sur une dimension morphologique et physiologique.
Il faut se rendre à l’évidence, le processus de rationalisation de la performance est en cours dans notre activité. Le niveau du grimpeur moyen est de plus en plus élevé. La sportivisation de l’escalade est de plus en plus effective, pour preuve l’apparition et la multiplication des structures artificielles partout dans le Monde. La publication et la vulgarisation des connaissances en entraînement est chaque jour de plus en plus fournie et précise, des savoirs que l’on est capable d’adapter et de transmettre, même aux enfants. Il est clair que les plus jeunes générations commencent à profiter des expérimentations de leurs aînés et ont pour l’instant la voie toute tracée. A eux d’inventer le 9c et de se dépatouiller avec…
Urban Climber Mag dresse un portrait de ces jeunes prodiges.
Ashima Shiraishi en action
Photo de courtoisie de Big Up