Loin de leur image de solitaires communiant avec la nature, les grimpeurs, devenus showmen d’intérieur seront pour la première fois représentés aux JO de 2020. Rencontre à Paris à l’occasion des championnats du monde.
Les grimpeurs se cramponnent à la résine d’un mur artificiel de 15 mètres de haut, installé au milieu de l’AccordHotels Arena, anciennement Palais omnisports de Paris-Bercy. Les mains blanchies par la magnésie – cette poudre conçue pour absorber la transpiration des athlètes et leur permettre de mieux adhérer à la paroi -, les 500 meilleurs escaladeurs du monde, représentant 60 nationalités, s’affrontent depuis mercredi. Un record historique de participants pour cette compétition qui comptait un quart d’athlètes de moins en 2012.
L’écrin parisien a revêtu son habit des grands soirs. La salle immense est plongée dans l’obscurité et les murs de grimpe sont éclairés par des projecteurs. Le speaker commente avec enthousiasme les performances des champions. La sono, en fond, ambiance le tout. Dans une atmosphère conviviale, les athlètes handicapés cohabitent avec les meilleurs performeurs de la planète. «Nous sommes un des rares sports au monde où toutes les catégories concourent lors d’un seul et même événement», se félicite Pierre-Henri Paillasson, directeur technique de la Fédération française de montagne et d’escalade (FFME), également vice-président de la Fédération internationale d’escalade (IFSC). Cette spécificité a son importance pour Mathieu Barbe, qui souffre d’une grave déficience visuelle et vient de se qualifier pour la finale des non-voyants.«Le fait que nous soyons considérés sur le même plan que les grimpeurs valides a beaucoup pesé dans mon choix de consacrer une partie de ma vie à l’escalade», commente l’athlète de 29 ans qui, dans ses ascensions, se fait guider par la voix de son entraîneur via une oreillette : «En compensant mon handicap par la possibilité de communiquer avec mon coach, la technologie transforme l’handi-escalade en un sport collectif.»