Everest, la réalisation d’une vie ?

Qui n’a jamais rêvé de gravir l’Everest, de brandir le drapeau de son pays ou une photo de famille à plus de 8848m ? Ce rêve d’après les données officielles a été réalisé environ 2000 fois depuis que Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay  ont escaladé pour la première fois l’Everest en 1953. Gravir CETTE montagne, oui, mais pourquoi celle-ci en particulier?


 


Tout d’abord il faut chercher à mettre en évidence la motivation de chaque ascensionniste. Pour Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay on peut dire sans trop se tromper qu’ils voulaient atteindre le toit du monde, pour Reinhold Messner en 1980 il devait vouloir montrer qu’il était possible de faire des 8000 sans oxygène. Mais depuis une dizaine d’années faire l’ascension de l’Everest est devenu pour beaucoup de « Summiters » une façon de se dépasser. Comme si une des choses les plus difficiles sur Terre était de gravir l’Everest.


 


On observe très bien ce phénomène chez Sylvie Fréchette une sportive Québécoise qui a réalisé son ascension en 2008. En parlant de son ascension de l’Everest elle dit : « Je veux donner l’espoir à tous ceux qui ne croient pas que tout est possible, afin que tous se réalisent, soient heureux et aient une vie satisfaisante et épanouie. Et que tous puissent goûter au bonheur qu’apporte la liberté d’être soi-même ».


Comme si monter la-haut était l’expérience permettant l’épanouissement et le bien-être de chaque personnes.


Cette ascension serait-elle devenue un produit commercial pour « aller mieux »… oui pourquoi pas ?  Mais en réalité est-ce vraiment si insurmontable de gravir cette montagne ?


 


Nadir Dendoune, premier Algérien à atteindre le toit du monde a une vision très différente de l’Everest. Son ascension avait pour but de prouver qu’un jeune issu d’une cité pouvait accomplir un exploit. Originaire de Saint-Denis, il commence en 1993 un périple de 3000km à vélo en Autralie puis effectue un tour du monde toujours à vélo ; en 2008 il décide de faire l’Everest. Nadir n’a quasiment jamais fait de montagne, il falsifie donc son CV en disant qu’il a fait le Mt Blanc et le Kilimanjaro! Le 25 mai 2008 il atteint le sommet.


Dans une interview pour France Inter il explique les raisons de son ascension mais fait aussi une énorme confession ; les 4 mois suivants son « exploit » il s’est senti plutôt calme et reposé mais peu à peu le quotidien a reprit le dessus. L’Everest finalement n’a pas le même effet salvateur pour tout le monde.


 


Alors toujours si insurmontable cette montagne? Petite mise au point sur une ascension commerciale…


 



L’Everest a deux voies d’ascensions principales, l’arête Sud-Est par le Népal et l’arête


 


 Nord-Est côte tibétain, ainsi que beaucoup d’autres itinéraires plus difficiles. Des deux itinéraires principaux, l’arête du Sud-Est est techniquement plus facile et est par conséquent l’itinéraire le plus fréquenté.


Ce qu’il faut avant tout savoir c’est que les deux voies sont équipées du camp de base jusqu’au sommet avec des cordes statiques et des échelles, donc une fois le trek jusqu’au camp de base effectué, il ne reste plus qu’à tirer sur sa Jumar, direction le sommet! De plus la majorité des personnes ont des bouteilles d’oxygène, ce qui, estiment les scientifiques donne l’impression d’être environ 1500m plus bas… Au lieu de monter à 8848m on ne se trouve que quelques centaines de mètres au-dessus de 7000. On peut encore rajouter que toutes les personnes montant sur l’Everest avec une compagnie touristique se verront porter leurs affaires par des sherpas… Will Gadd a une façon très amusante pour parler de ces ascensionnistes assistés : « Une personne qui gravit l’Everest avec toutes ces aides c’est un peu comme une personne qui dit courir 1 km en 2 minutes avec un harnais qui le maintient juste au-dessus de son tapis roulant ».


 


Si c’est si facile pourquoi le monde entier n’est-il pas en train de faire route vers l’Everest ?


 


C’est à cet endroit que le nombre de prétendants à l’Everest chute vertigineusement. Pour une ascension touristique telle qu’elle est présenté plus haut il faut compter entre 35000 et 100000€ pour les cordes fixes, les guides, les sherpas, le cuisinier, l’agent de liaison et toute la logistique. A ce prix là c’est sûr que seul certains privilégiés peuvent aller s’épanouir avec les anges.


 

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