Dans un contexte où le retour du loup en France inquiète de plus en plus les éleveurs, certains se tournent vers une méthode ancienne mais efficace pour protéger leurs troupeaux. En Maine-et-Loire, un couple a choisi de faire appel à un âne pour défendre ses moutons. Cette approche, inspirée d’une tradition pastorale oubliée, est aujourd’hui étudiée par des chercheurs pour comprendre son potentiel face aux prédateurs.
L’âne, un protecteur inattendu des troupeaux
À Chemillé-en-Anjou, un couple d’éleveurs a trouvé une solution originale pour sécuriser son troupeau de moutons. Depuis 2021, Kastafiore, une ânesse baudet du Poitou, protège un groupe de moutons de la race de Deux, une espèce locale en voie de disparition. Kastafiore n’est pas un simple animal de compagnie : elle est là pour éloigner les prédateurs, notamment les chiens errants, les renards, et plus récemment les loups, dont le retour a été officialisé dans la région. « Les ânes ont une aversion naturelle pour les canidés et n’hésitent pas à défendre leur territoire », explique Benoît Huntzinger, un éleveur de 47 ans, qui a repris la ferme des Blottières avec sa compagne Marine en 2018.
Benoît, ancien banquier reconverti en éleveur, souligne que cette solution est bien plus qu’une simple alternative : « On a vu Kastafiore repousser un renard lors d’un changement de champ, ce qui prouve qu’elle fait bien son travail. »

L’âne contre le loup : un choix réfléchi
À l’heure où d’autres éleveurs se tournent vers des chiens de protection, Benoît et Marine préfèrent compter sur Kastafiore, qui partage la nourriture du troupeau sans nécessiter d’entretien supplémentaire. « Elle mange la même chose que les moutons et peut vivre jusqu’à 30 ans. Pas besoin de croquettes tous les jours », précise Benoît, qui apprécie la simplicité de cette solution.
Il est cependant réaliste : « Kastafiore n’est pas infaillible. Bien sûr, nous avons encore des pertes, mais le but est d’avoir un système de défense raisonnable, économiquement viable et psychologiquement acceptable. » Leur ferme, qui accueille de plus en plus de demandes d’autres éleveurs intéressés par ce modèle, enregistre des résultats positifs, même si le loup reste une menace.
La recherche scientifique derrière cette pratique
L’idée d’utiliser l’âne comme protecteur des troupeaux n’est pas nouvelle, mais elle n’avait plus été explorée depuis longtemps. Des chercheurs de l’université de Limoges, dans le cadre du programme de recherche « Relions-nous », financé par le CNRS, étudient actuellement les interactions entre les animaux auxiliaires et les prédateurs. L’objectif est de rétablir des équilibres écologiques en réintégrant des pratiques pastorales anciennes.
« Les ânes ont toujours été utilisés pour accompagner les troupeaux, et il est possible que leur fonction secondaire ait été de protéger les moutons des prédateurs », explique Dominique Taurisson-Mouret, historienne spécialisée dans le pastoralisme. Ce programme s’intéresse particulièrement à l’âne, un animal qui a perdu son rôle dans les systèmes agricoles modernes avec la mécanisation.

Les défis et les succès de l’âne protecteur
Bien que l’utilisation de l’âne pour protéger les troupeaux ne soit pas encore une pratique généralisée, elle suscite un intérêt croissant. Aux États-Unis, au Canada et en Australie, l’utilisation de l’âne comme gardien de troupeau est plus courante, bien que les recherches sur ce sujet restent limitées. Les éleveurs français, comme Fabienne Castetbieilh, qui élève des ânes et des moutons, voient un potentiel important dans l’âne de protection, à condition de bien choisir les individus aptes à cette tâche.
« J’ai commencé à utiliser mes ânes pour protéger les brebis après qu’un chien errant ait tué plusieurs d’entre elles », raconte-t-elle. Depuis, elle a observé une nette amélioration. Cependant, elle insiste sur le fait que tous les ânes ne sont pas adaptés : « Certains peuvent être distraits par d’autres animaux, tandis que d’autres peuvent se concentrer sur leur mission de protection. »
Une évolution nécessaire dans le soutien aux éleveurs
Les demandes pour des ânes de protection augmentent, mais le système de financement reste inadapté. Contrairement aux chiens de protection, dont l’acquisition est partiellement remboursée par l’État, l’âne n’entre pas dans les dispositifs de soutien financier. Ce manque de reconnaissance pose un problème, surtout dans un contexte où la pression des prédateurs, notamment du loup, devient de plus en plus forte.
La députée Stella Dupont, soucieuse de l’évolution de la situation, plaide pour une reconnaissance officielle de l’âne comme protecteur des troupeaux. « Penser que les chiens de protection sont la seule solution est réducteur. Il y a une place pour les deux », affirme-t-elle.
En attendant que des solutions durables soient mises en place, les éleveurs comme Fabienne Castetbieilh et Benoît Huntzinger poursuivent leur travail de sélection d’ânes pour protéger leurs troupeaux. Ces expérimentations ouvrent la voie à une revalorisation de l’âne dans l’agriculture et à une meilleure gestion des prédateurs, en harmonie avec la nature.
Voici une alternertive intelligente, nous qui faisons regulierement des randonnees, nous traversons des troupeaux avec leurs patous, et c est pour nous un vrai danger, et un stress alors que la balade devrait etre une vraie detente.
C’est simplement ridicule. Il faut être réaliste. Qd on voit que déjà une meute de CPT n’est pas tjrs efficace contre une meute de loups ,comment peut on penser qu’un âne puisse défendre un troupeau à lui seul? Et comparer un renard à un loup? Comment un éleveur peut être aussi naïf ?
Certes l’âne pourra prévenir de l’intrusion mais il ne pourra rien faire face à une meute de loups. Et il faut être Lucide, les meutes se développent très vite.
Qd au financement des ânes, c’est logique que rien ne soit proposé alors même que comme le précise le berger cité dans l’article, l’âne ne coûte quasiment rien en entretien comparé à un chien.
C’est une jolie allégorie champêtre…
Mes ânesses sont redoutables avec les chiens et les renards . J’ai vu ma plus petite ânesse de un mètre au garrot mettre un chien de 40 kg hors d’état de nuire en 3 minutes de façon assez impressionnante à coup d’antérieurs. Et c’est sure pas besoin d’enfermer mes poules pas de renard avec les ânes. Elles sont également très protectrices avec moi . Il est arrivé qu’un gros rotweileur divaguant entre dans leur enclos et mes 2 ânesses sont immédiatement venu se coller à moi en lui faisant face.Il a tourné les talons direct.mon hongre lui n’est pas trop courageux.mais les baudets du Poitou pour les loups je me suis toujours pausé la question, cela n’a rien de ridicule …