Dernier né des structures artificielles d’escalade du bassin grenoblois, le « Labo », exclusivement salle de bloc, est issu de tout un cheminement et du souhait de répondre à une demande qui explose.
Repartons tout d’abord plus de deux décennies en arrière, au printemps 1994, lorsque le projet de 3 compères, dont 2 déjà BE d’escalade (le troisième le deviendra peu après) se profile : il n’existe en France qu’une seule salle d’escalade, à Thiais, dans l’Essonne (91). Les Britanniques sont alors précurseurs, à Bradford tout d’abord, mais les murs sont peu attractifs et les mouvements éprouvants et athlétiques.
A Grenoble , Eric Pinard-Salmon ,Thierry Barré et Nicolas Glée (qui vit alors en Vendée et fait des allers retours pendant 18 mois) se lancent et inaugurent après 6 mois de travaux intensifs leur première salle d’escalade à Fontaine, »Espace Vertical, » en Janvier 1995. La première année est difficile et les 3 partenaires ne se rémunèrent pas, ils ne sont pas tout à fait sûrs de leur coup. Au tout début, les grenoblois ne semblent pas prêts à payer pour grimper à l’intérieur alors qu’il existe tant de possibilités dehors, tout comme les fondeurs quelques années auparavant trouvaient inconcevable de mettre la main à la poche pour utiliser les pistes de fond.
Il fallait donc avoir de l’audace et du « flair » pour s’investir de la sorte : et pourtant, la demande progresse, les grimpeurs, montagnards ou pas se prennent au jeu, et l’équipe ouvre une seconde salle en 1999 à St Martin d’Hères : une position stratégique puisque le campus universitaire jouxte EV2 et que les habitants du Grésivaudan, de la Maurienne et de Chambéry vont s’y déplacer. L’abonnement 12/15 heures permet aux travailleurs des entreprises proches de se défouler par tous les temps plutôt que de s’enfermer au self, et un espace « bloc » semi-fermé est à disposition.
La courbe de fréquentation est exponentielle, le public se diversifie, tous les âges sont représentés, les parents viennent avec les enfants, les clubs d’escalade, les professionnels ont un outil pour s’entraîner ou travailler quelle que soit la météo. Et si certains d’entre eux venaient à reculons, « faute de mieux » ,ce n’est plus les cas ces dernières années où les deux salles sont devenues également des lieux de rencontre. Entre temps, EV Fontaine ferme et EV3 ouvre à Grenoble au pied du Vercors en 2008, avec un large espace ouvert dédié à la pratique du bloc.
Le système d’enrouleur automatique « trueblue » fait son apparition dans les deux salles : si ces enrouleurs en laissent plus d’un perplexe, et vaguement inquiet au début (allons-nous tous devoir un jour ou l’autre grimper uniquement via ce système, comme c’est la tendance aux USA ou en Australie ?), on découvre rapidement l’intérêt qu’ils présentent : possibilité de grimper si l’on est seul ,ou en attente d’un compagnon mais aussi constitution de nouvelles cordées.