Dernier jour pour s’inscrire au raid O’Bivwak, nous sommes allés à la rencontre d’Eric Perrin, ancien sportif de haut niveau dans la course d’orientation ayant à son actif plusieurs participations au championnat du Monde et aux coupes du Monde ainsi qu’à de multiples raids d’orientations. Il est également cette année traceur de la course O’Bivwak au côté de Robin Devrieux pour le plus grand plaisir de tous…même si ça va faire mal !
– Peux-tu te présenter en quelques lignes et nous dire ton rôle au sein de l’organisation ?
Je m’appelle Eric Perrin, sportif convaincu (et convainquant, je l’espère) pratiquant la course d’orientation sous toutes ses formes depuis…30 ans. J’ai été Sportif de Haut Niveau dans cette discipline et j’ai participé à deux championnats du Monde et plusieurs coupes du Monde. J’ai aussi participé avec mon équipier Patrice Bornard à beaucoup de raids d’orientation, sur le circuit Elite, avec notamment 3 victoires sur le Raid O’Bivwak et plusieurs victoires sur les autres Raids.
Depuis 6 ans déjà, je suis du côté de l’organisation, et j’utilise mes compétences d’orienteur et de raideur pour tracer les circuits et ainsi proposer les parcours les plus intéressants possibles et les mieux adaptés aux compétiteurs suivant le niveau de chacun. Pour cette édition, le tracé est effectué en binôme avec Robin Devrieux.
Mon rôle ainsi que celui de Robin consiste à concevoir les circuits en fonction des distances préconisées, du dénivelé, de la difficulté physique des circuits, du niveau d’orientation des circuits (niveau « technique »), des zones dangereuses ou interdites, des zones de départ, d’arrivée et de bivouac..
Le travail consiste ensuite à se rendre sur le terrain pour vérifier l’exactitude de la cartographie de la zone couverte par les circuits. Il serait en effet incorrect d’envoyer des concurrents dans des zones litigieuses, inexactes. Il en est de même pour la reconnaissance de l’emplacement des points de contrôle, il faut se rendre sur chacun des postes pour vérifier.
Enfin, le jour du raid, nous posons les balises, contrôlons une dernière fois les circuits, les postes, les zones et sommes disponible si besoin pour gérer les aléas.
– Peux-tu nous expliquer comment ce déroule le traçage d’un parcours de raid, comment t’organises tu … ?
Le traçage d’un raid demande un réel investissement. Pour le Raid O’Bivwak, ceci exige une trentaine d’heure environ pour effectuer un travail sérieux. Rappelons très rapidement les particularités du Raid : deux étapes d’environ 5 heures chacune, 1 bivouac entre les deux au même endroit pour tout le monde (sécurité oblige), 7 circuits proposés, couvrant ainsi l’éventail large des compétiteurs, des plus aguerris jusqu’aux novicex ou peu entraînés et aussi le public à mobilité réduite (goelettes).
Comment fait-on pour tracer ? Une fois les zones de départ fixées, la zone d’arrivée donnée, le lieu du bivouac doit être judicieusement positionné pour permettre une grande liberté dans la conception des circuits. Ensuite le travail consiste, petit à petit, à positionner les points de passage le long de lignes directrices (chemins, végétation, mur, relief) pour les circuits les plus faciles ou bien « au milieu de nulle part » ( dépression, rocher, falaise, arbre particulier,..) pour les circuits les plus difficiles de telle façon à proposer des cheminements variés, ceci pour chaque circuit et pour chaque étape. Soit au total plus de 14 circuits conçus et environ 140 balises placées !
Si des zones sont particulièrement intéressantes( sommet d’une montagne pour un joli point de vue, grande clairière magnifique comme dans le Vercors cette année, surprise, il ne faut rien dire !!) …. alors, feu !
Les circuits vont y passer, rien que pour le bonheur, et rien que pour voir les concurrents prendre la belle photo !
Une attention particulière doit être portée sur les distances de parcours pour ne pas proposer des circuits trop longs qui décourageraient les concurrents…
– Quelles sont les grosses difficultés que l’on pourra rencontrer sur le parcours de cette année ?
Grosses difficultés ? L’orientation, toujours et encore en zone boisée. C’est toujours une belle difficulté (et une belle réussite) pour les novices d’avancer dans la bonne direction, avec une carte et une boussole. C’est ça la beauté de ce sport !
Sinon, rien d’extraordinaire, beaucoup de chemins qui vont perturber les moins solides. Et attention aux carrefours, il faut prendre la bonne direction. Difficulté liée au dénivelé car avec un sac à dos et plusieurs heures de trajets, les courbes de niveaux vont faire mal aux cannes.
– Tu as déjà remporté ce raid à plusieurs reprises, quels conseils de préparation donnerais-tu à un mois de la course ?
A 15 jours de l’échéance, du côté technique, il faut faire le point sur le matériel et s’assurer que tout est en place, que rien ne manquera le jour J.
Il faut aussi profiter des derniers jours pour courir avec son sac à dos chargé, pour voir si celui-ci convient. Je pense aussi qu’il est indispensable de (re)faire une séance de recopiage de coordonnées des postes pour se remettre dans le bain. C’est super important, une des clès pour éviter les lourdes erreurs de report. Donc, avec son coéquipier, prendre un moment pour se projeter dans cette phase de report de coordonnées : « F/ 61 puis 5,1 / 1,2, dépression, OK », ça me rappelle des souvenirs… !
Pour la préparation physique, il est nécessaire de faire un affutage sur 15 jours : privilégier une phase intensive les 15 jours précédent la compét (plusieurs sorties courtes, 1 heure, et plutôt rapide), ce n’est plus le moment de faire du très long.
Et enfin repos plus hydratation avant la course pour arriver en pleine forme.
– Pour toi, qu’est ce qui fera la différence entre les premiers ?
La rigueur, la précision technique d’orientation, les capacités physiques du moment, l’alimentation régulière et programmée, la récupération au bivouac.
– Tu es donc cette année traceur de ce raid, avec un peu de recul que préfères-tu, être à l’avant de la course ou être au sein de l’organisation ?
J’adore organiser, proposer aux gens des choses intéressantes, se planter parfois, entendre les réactions des coureurs, voire cette masse de passionnés qui une année après l’autre, bon an mal an, revient sur le raid toujours aussi motivé pour en découdre avec les moyens du moment.
J’ai aussi parfois un léger sentiment de jalousie, d’envie. J’irai bien, pour leur montrer que je suis encore là !!
– Peux-tu décrire cette édition en 5 mots ?
Très très très très sympa ? C’est bon comme réponse ? Non, plus sérieusement : naturelle, boisée, rapide, magnifique et « on-va-revenir-l’année-
– Si tu devais tracer d’autres courses, ce serait lesquelles ?
Je tracerai bien un jour une épreuve de très longue distance, un raid sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines, genre Transmassif.
Sinon, en CO classique, je suis pressenti pour être dans l’équipe de traçage du Championnat du Monde 2011 de CO à Chambéry, et ça, c’est aussi un vrai bonheur !
Retrouvez toutes les informations sur le site Internet, ainsi que photos et vidéos des années précédentes…
A bientôt sur le raid !
Photos : Roland Thievenaz