Le raid O’bivwak met toujours les équipes à rude épreuve

30 ans ont passé depuis la première édition du célèbre raid d’orientation dans les mont du Forez en 1982. Et son succès ne tarit pas, preuve que les équipes, pourtant soumises à rude épreuve, en redemandent. Une bonne façon de tester la solidité des liens entre couples, familles ou amis…

La grand-messe des « orienteurs » s’est rassemblée les 11 et 12 juin dans le petit village de Pélussin, au cœur du Pilat rhodanien dans la Loire. Pour marquer les 30 ans de l’événement, les organisateurs – dont le directeur Michel Devrieux, l’un des créateurs du raid – ont marqué le coup en revenant sur les terres de leurs premiers pas. Une équipe de près de 150 bénévoles, la plupart fidèles au poste, est venue leur prêter main forte pour assurer le bon déroulement de la manifestation qui a accueilli cette année plus de 2000 personnes.
Avec 30 ans dans les pattes, le raid O’bivwak – anciennement Raid IGN – affiche une longévité d’exception dans le paysage des manifestations sportives. Depuis quelques années, de nombreux trailers et raiders en tous genres sont venus gonfler les rangs des participants, curieux de tester le mariage entre performance physique et précision technique. La recherche des balises exige une bonne dose de concentration et une prise de décision rapide mais judicieuse sur le choix de l’itinéraire.
Du débutant au champion, le jeu est le même pour tous, quel que soit le parcours choisi sur les huit proposés : après le coup d’envoi du départ en masse, les équipes doivent dans un premier temps reporter les balises sur leur carte au 1/20 000e relevé et dessinée pour l’occasion, en s’aidant des coordonnées figurant sur leur feuille de route. Une étape cruciale puisqu’elle permettra ensuite aux concurrents de décider du meilleur itinéraire sur le terrain pour se rendre d’une balise à l’autre, points de passages obligés.

Forcément, les stratégies diffèrent. Certaines équipes reportent la totalité des balises sur leur carte au départ de la course, avant que la fatigue n’atteigne les neurones. C’est le cas de Manu et Freddy, deux trailers de Salon-de-Provence qui révisent leurs bases à l’atelier « report » proposé par l’organisation, peu de temps avant de s’élancer sur le parcours D, « sportif, court et techniquement difficile » (42 kilomètres et 1000 mètres de dénivelé positif). Fabienne et David, deux amis inscrits en équipe mixte sur un parcours techniquement plus facile, mais aussi Margaux et Naïs, qui termineront premières dans la catégorie junior du parcours D, ont adopté la même stratégie. D’autres en revanche préfèrent filer directement sur la première balise pour s’extraire de la foule, comme Alain et son fils Romain, qui en sont à leur 4e raid O’bivwak. « On reporte les balises en marchant. Ca peut-être foireux mais jusqu’à présent, on a jamais fait de boulette », raconte Alain. Cette tactique est aussi utilisée par les meilleurs comme Hervé Simon et Benoît Peyvel, au rang des favoris sur le parcours A « Ultra », qu’ils l’emporteront haut la main.

Pendant l’épreuve, la distribution des rôles varie en fonction des compétences de chacun. Benoît, ancien champion de courses d’orientation, est l’orienteur du binôme pendant qu’Hervé, récidiviste des raits multisports, est le moteur physique. Cette complémentarité joue à tous les niveaux. Sur le parcours C, Alex et Alex, deux amateurs de course d’orientation, fonctionnent selon le même principe. Alex (la femme), plus expérimentée en orientation, choisi l’itinéraire pendant qu’Alex (l’homme), la tracte sur une partie de l’épreuve à l’aide d’une cordelette élastique. Pas d’états d’âme ni fierté déplacée, l’important étant de connaître les forces et faiblesses de chacun pour optimiser la performance. Forcément, quand la balise tarde à se montrer, les tensions sont palpables mais pour Alex et Alex, c’est une « contrariété d’équipe » qui ne remet pas en cause les rôles de chacun. Quant à Alain et son fils Romain, orienteurs à tour de rôle, ils « n’arrivent pas à s’engueuler », même dans la galère.

Malgré la fatigue et les chronos, il règne sur le parcours une ambiance plutôt bon enfant et un climat de solidarité palpable. Des couples s’entraînent par la main, des coéquipiers s’accrochent à la sangle du sac de leurs partenaires et certaines équipes échangent même entre elles des « elle est par là la balise ? ». On a bien entendu quelques histoires de couples qui se pourrissent, mais on en a pas vu.
L’une des difficultés principales en orientation tient à ne pas se laisser influencer par le comportement des autres sur le terrain. D’abord parce que les parcours sont multiples et que plusieurs balises d’un autre circuit peuvent se trouver a proximité, ensuite parce que…tout le monde peut se tromper. C’est tout l’intérêt de la course d’orientation, qui exige de suivre sa propre logique (si tant est qu’elle est bonne) sans se laisser parasiter par les éléments extérieurs. Très développée dans le cadre des activités scolaires, la discipline est reconnue pour ses vertus pédagogiques, encourageant l’autonomie et la prise de décision. Tout l’inverse de ce binôme masculin croisé le dimanche sur la crête panoramique des Trois Dents, qui, visiblement très à côté de la plaque, a décidé de suivre la foule pour dénicher la balise. Il y en avait malheureusement trois dans les parages… !

Loin du stress du chrono, plus de 400 personnes ont pu découvrir ou se perfectionner aux techniques de l’orientation lors des « mini raids » organisés à la journée, en marge de la compétition.

Voir les résultats complets sur : www.obivwak.net  

Photo : OBIVWAK : CYRIL CRESPAU

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