Les Drus se cassent la gueule

Décidément les Drus n’en finissent pas de se casser la gueule. Et c’est la fameuse face Ouest qui est généralement la plus touchée. Ce gigantesque triangle haut de plus de mille mètres connut d’importants éboulements en 1997, 2003 et 2005.
Deux éboulements avaient déjà eu lieu les 10 et 11 septembre dernier emportant 12.000 m3 de roche, et ce matin (Dimanche 30 Octobre 2011 à 7h15) un nouvel et très gros écroulement s’est produit dans la face ouest des Drus.
On estime le volume a 60 000m3 et la directe américaine a été touchée


Sous l’action du réchauffement climatique, le pergélisol, ou permafrost, fond, fragilisant les montagnes. Selon Ludovic Ravanel, chercheur à l’université de Savoie et interrogé par l’AFP, cela ne fait pas de doute, c’est bien le réchauffement climatique qui est mis en cause. (Un très bon article sur le sujet)

À ces très hautes altitudes (au-delà de 2.500 m environ) la température reste négative tout au long de l’année. L’eau qui s’infiltre dans les roches fracturées gèle et agit comme du ciment qui stabilise les montagnes. On appelle cela le pergélisol, plus connu sous son nom anglais, permafrost. Seuls les sols gelés pendant au moins deux ans peuvent être qualifiés ainsi. Mais lorsque les températures augmentent, le pergélisol se réchauffe et la glace qui maintient la roche finit par fondre ne jouant alors plus son rôle de ciment. La montagne est ainsi fragilisée et menacée par des éboulements éventuels.

Dans les années récentes plusieurs évènements d’écroulements et éboulements se sont produits en haute montagne (> 3000 m) (Brenva, 1997; Grandes Jorasses, 2002; Cervino, 2003; Punta Thurwieser, 2004; Drus, 2005). Il semble que la fréquence de ces évènements soit augmentée lors de périodes caractérisées par des conditions climatiques particulières (isotherme 0° pour des longues périodes à très haute altitude), ce qui renforce l’hypothèse d’une corrélation entre les phénomènes gravitaires et les conditions climatiques, due notamment à la dégradation du permafrost (T° constamment négatives pour au moins deux années consécutives) affectant les amas rocheux en altitude. En cas de confirmation de cette hypothèse, les scénari d’évolution climatique au niveau global (voir Intergovernmental Panel on Climate Change), qui prévoient l’augmentation des températures tout particulièrement pour l’hémisphère septentrional, laissent prévoir l’augmentation de la fréquence et l’intensité de ces évènements, et, par conséquence de la dangerosité des milieux de haute montagne avec des effets potentiels qui peuvent atteindre les zones à l’aval aussi.
Actuellement, les projets de recherche sur les risques naturels en montagne n’ont pris en compte que marginalement les dynamiques affectant les milieux glaciaires et périglaciaires ; par contre, ces dynamiques deviennent de plus en plus importantes par rapport au changement climatique. En termes de prévision et de gestion des risques naturels, l’étendue des milieux alpins soumis à permafrost, et la sensibilité de cette matrice par rapport au changement climatique, imposent l’évaluation des possibles conséquences du réchauffement et la compréhension des phénomènes liés à l’instabilité des parois rocheuses.
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