L’escalade a-t-elle vendu son âme? Réactions 2

Les réactions continuent d’arriver après l’article de Peter Beal sur l’importance du message commercial au sein des échanges liés à la grimpe tant auprès de Peter pour ses propos sur son blog qu’en France après la publication de notre article sur kairn.com.

Voici quelques-unes d’entre elles reçues sur notre mail :

L’escalade a-t-elle vendu son âme?

L’article de Peter Beal a le mérite d’interroger le grimpeur sur les différentes formes de pratique. La logique de notre activité veut qu’il y ait un minimum de risque ou plutôt d’engagement. En escalade, comme lors d’un match de boxe, le pratiquant sait qu’il met en jeu, un minimum son intégrité physique.
Maintenant, il faut faire attention aux réactions réactionnaires, réfractaires à toute évolution de la pratique. Que disait-on dans les années 90 sur les solos supersoniques de C. Profit ou de P. Berhault aux drus. Ne parle t-on pas même du style Berhault, caractérisé par un engagement très important. Aujourd’hui, celui-ci est devenu une icône de notre sport.
Aurait-il cette importance dans la culture de notre sport sans ce fameux style très engagé ?
Y a t-il des voix qui s’élèvent contre ces grimpeurs/alpinistes iconoclastes ?
En revanche, ce que l’on peut déplorer, si elle est présente, c’est la pression des médias. Demandez à un Magnien si celui-ci a vu un lien entre l’accident ‘sur le fil des 4000m’ et la pression médiatique. On sait que cet engagement doit être personnel, une recherche intérieure et que lorsque l’on prend des risques pour des raisons extérieures à nous même, on risque de se mettre en danger.

Loic S.

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Il est évident que plusieurs dérives de la sportivisation de l’escalade nous explosent au visage ces derniers temps. Le problème n’est peut-être pas la performance en tant que telle des grimpeurs professionnels (encore que), mais ce que véhiculent ces athlètes et donc les sponsors. Le problème n’est pas de voir untel enchainer la rambla, mais de le voir dans une pub pour des fringues de yoga… La plupart d’entre nous a encore besoin de baudrier, de système d’assurage ou de chaussons. Mais a-t-on besoin de vêtements soit disant spécifiques à la grimpe sportive ? Qu’on me justifie l’achat d’un pantalon ou d’un tee-shirt à 100 balles pour grimper ?….
Il devient très rare de ne pas croiser en falaise et sur site de bloc (surtout sur site de bloc), des gens affublés de fringues à la dernière mode. Le style travelers aventurier pseudo-cool véhiculé par les grosses marques gagne progressivement du terrain. Cela témoigne de l’influence qu’ont quelques grosses firmes sur une communauté que les « anciens » jugeaient « à part ». Fontainebleau en est une véritable vitrine.
Doit-on attribuer cela à la nouvelle génération de grimpeurs ? Je ne pense pas. Sharma et consorts n’ont fait que suivre le chemin tracé par les vieux. Chris portait encore des couches que Güllich faisait déjà le mariole à la télé. Ne parlons même pas d’Edlinger pour Granini… Les «vrais grimpeurs » sont sans aucun doute (à en croire certaines personnes) restés dans l’Elbsandstein à faire de l’escalade engagée…
Car force est de constater (et c’est indubitable) que l’escalade sportive (j’entends totally safe) a rameuté beaucoup de monde et donc a créé tout un nouveau marché pour ces grosses compagnies. Maintenant, beaucoup de gens vont grimper pour être vu, pour montrer qu’ils sont dans le vent.
Certaines personnes locales en Alsace (et surement ailleurs), pestent contre cette mondialisation de l’escalade et surtout sur le monde qu’elle amène en falaise. A tel point que ces personnes revendiquent même le fait d’être désagréable avec les nouveaux arrivants pour ne pas les inciter à revenir….Pas étonnant que tout ce petit monde batte de l’aile ! Si ce genre d’attitude est purement égoïste, la surconsommation émergente du monde de l’escalade ne changera malheureusement pas la donne, bien au contraire. Cependant, je reste optimiste sur le lot de bonnes personnes fraîchement arrivées dans l’activité. Pour sûr, elles compenseront au moins la bêtise de certaines personnes qui appartiennent déjà au passé.
Au final : oui, la faute à tous ces grimpeurs professionnels. Car l’erreur est de vouloir vivre de l’escalade. Par vivre, il faut entendre « toucher de l’argent ». Ceux-là quelque part, pourrissent l’activité. Prenez exemple sur Seb Hémery qui vit sur un héritage…^^ Nous avons besoin de certaines marques, mais les marques, d’une façon générale n’auraient pas besoin de sponsoriser si leurs produits étaient utiles. J’espère que tous ces jeunes se rendront un jour compte du monde de consommation auquel ils adhèrent en signant pour ces grandes marques.
Oui, l’information relayée par Kairn et tous ces autres sites web est de plus en plus polluée par ces vidéos de supermarché (Souvenir des casquettes streetwear que The Worst Face fait porter à ses sponsorisés). Et il serait bon d’y voir surtout des news et des articles régionaux. Des opinions, du vécu sur l’expérience de tout un chacun en escalade.

Sur ce, bonne grimpe!

David

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