Millet Expédition Project : Traversée des Alpes de Lyngen

Nous vous présentons le retour d’expé d’Olivier Fichou et Manon qui ont traversé avec un temps assez confus les Alpes de Lyngen. (part 1)

Le 3 Juillet, nous décollons de Nice, direction Oslo puis Tromso. Arrivé à Tromso, nous sommes bien au dessus du cercle Arctique, il n’y a pas de doute. La neige est déjà bien visible depuis la ville.

4 Juillet, Jour 0 : vélo, stop, et ferry jusqu’à Lyngseidet. Lyngseidet est la seule ‘ville’ que nous traverserons durant l’expédition en elle même. Elle délimite la jonction entre la partie NORD des Alpes de Lyngen, dans laquelle nous sommes censés passer 4 jours, et la partie SUD dans laquelle nous devons passer 6 jours. On dépose donc à Lyngseidet : du gaz, des lyophilisés pour 6 jours, des piles et la cartographie de la partie SUD. Cela nous permet de nous alléger pour la partie NORD.

*PARTIE NORD
5 Juillet, Jour 1: Nous rejoignons NordLenangen, la point de départ de l’expédition. Il pleut. Nous commençons à 17h, et rejoignons l’emplacement du premier camp en 4h, au pied de notre objectif du lendemain. La brume ne nous permettra malheureusement pas de repérer le couloir d’attaque. Nous montons le camp, mangeons nos lyophilisés et nous nous couchons immédiatement, espérant du soleil le lendemain pour sécher les affaires et pour voir notre couloir. Cette première nuit, humide et froide, ne sera pas la meilleure.

6 Juillet, Jour 2: Au réveil, le ciel s’est dégagé près de la côte, mais de lourds nuages sont restés accrochés sur notre objectif. Sans visuel jusqu’au sommet, nous décidons d’emprunter un itinéraire de secours, consistant à franchir 2 cols successifs. La neige tombée la veille ralentie notre progression, et nous traçons jusqu’au genou pour atteindre le premier col. Après une descente exposée chargée en neige, nous prenons pied sur un glacier pour le remonter jusqu’au deuxième col. Nous naviguons au GPS, la visibilité étant quasi-nulle. Il neige. Nous atteignons le deuxième col à 15h30, et remontons une courte arête mixte pour atteindre notre premier sommet, culminant à 1172m. 16h, il est temps de descendre. Nous rejoignons le col et nous nous engageons dans le couloir de neige que nous avions repéré sur les images satellites, et censé nous descendre jusqu’à la vallée suivante. Nous ne sommes que 100m au dessus de notre prochain camp, quand nous tombons sur une barre rocheuse, interrompant notre couloir. S’en suit un itinéraire complexe au milieu des rochers branlants des Alpes de Lyngen. Au moindre piton planté, c’est la roche qui se casse ou s’écarte, les traversées exposées s’enchaînent pour rejoindre finalement un couloir de neige salvateur. Après 11h de marche avec 20 kg, épuisés, nous atteignons notre deuxième camp. Il est 19h30.

7 Juillet, Jour 3: Nous devons tenter d’ouvrir une voie dans la face Nord du Stovelfjellet 1464m. Nous nous levons à 6h dans l’espoir d’une météo favorable. Malheureusement, aujourd’hui encore, le temps n’est pas avec nous. Nous ne pouvons voir que les 300 premiers mètres de la face. Nous décidons d’attendre 2h pour voir l’évolution, sans succès. A 9h, nous levons le camp pour l’itinéraire de secours : 2 cols successifs, à 1000m d’altitude. Nous nous rendons vite compte qu’un regel nocturne est impossible, étant donné les 24h de soleil dont nous bénéficions au dessus du cercle arctique à cette période. Nous franchissons plusieurs lacs gelés, et c’est encore en brassant que nous atteignons le premier col. Le vent est violent et froid, il est difficile de tenir debout. Nous n’avons aucune visibilité. Continuer dans ces conditions nous est impossible. Nous descendons de quelques mètres pour nous mettre à l’abri, et décidons d’attendre l’amélioration annoncée par la météo : Il devait faire un temps clair dès 10h30 ce matin. Il est midi passé. Nous attendons 30 minutes puis ne voyant pas d’amélioration, nous repartons pour atteindre notre deuxième sommet de l’expédition en 15 minutes, à 100m du col. J’ai le nez sur le GPS, seul lui peut me dire que nous sommes réellement au sommet, car je ne vois rien mis appart mes pied et le début de la corde qui me relie à Manon. A 14h, une éclaircie nous permet d’entrevoir un long glacier, ramenant jusqu’à un lac turquoise puis à la côte. D’un simple regard, on est d’accord, nous filons vers la côte. Nous arrivons au lac à 17h. Le vent est le même, mais pas le froid. Il ne neige plus, mais il pleut par averse… Nous montons la tente colée à un gros bloc pour se protéger, et nous mettons rapidement à l’abri.

La météo annonce encore plus de vent le lendemain, et d’importantes précipitations sur les hautes vallées. Il n’est pas envisageable de retourner là-haut demain. Nous réfléchissons longuement au projet:

Option 1 : Rester à ce camp demain, et attendre le 9 Juillet pour franchir ce fameux col qui nous a fait défaut. Reprendre ensuite le projet comme prévu, en ayant tout de même perdu 2 jours. Nos réserves de gaz sont encore bonnes et on a pris 2 jours de marge sur les lyophilisés, ça passe. Par contre on ne peut pas se permettre de perdre encore un jour ensuite car nous n’aurons plus de nourriture…

Option 2 : La météo est très mauvaise pour demain, et elle n’annonce pas de grosse amélioration pour les 2 jours à venir. Les sommets côtiers sont moins exposés aux intempéries. Il n’a pas neigé autant que dans les hautes vallées mais les faces raides restent bien remplies. On estime être à 2 jours de marche de Lyngseidet. Est-il raisonnable de changer tout l’itinéraire, et par conséquent de tout faire à vue, sans GPS, et sans carte ?

Au final, nous décidons d’attendre le lendemain matin : Nous nous lèverons tôt et nous verrons si la mauvaise météo se confirme. Si oui, nous prendrons l’option 2 et rentrerons au plus vite à Lyngseidet, si possible dans la journée en forçant l’allure. Comme ça, nous aurons le temps de bien préparer et de retravailler l’itinéraire de la partie Sud au regard des conditions observés au Nord : Pas de regel nocturne, beaucoup de neige fraîche, météo extrêmement aléatoire.

8 Juillet, Jour 4: Il a plu toute la nuit. Au matin, la météo se confirme : On ne voit pas notre col de la veille toujours dans les nuages. Près de la côte, des nuages menaçants nous surplombent. Une rivière s’est formée sous le gros bloc auquel on avait adossé la tente, l’intérieur de l’abside est trempé, et les affaires avec…
A 9h donc, départ pour Lyngseidet. Nous coupons droit dans la toundra, sur notre plateau parallèle à la côte et qui longe les Alpes de Lyngen. Nous arrivons le soir, mais sans avoir fait de sommet.

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