Montagne – Alpinisme : Pierre Beghin, l’impossible quête

Mort à 41 ans, il aurait pu être, tel Messner, le plus grand himalayiste sur les quatorze 8000. Taciturne, peu en veine, piètre communicant, le Grenoblois traînait dans son sac un héritage familial, à la fois lourd et exaltant. Bercé d’élitisme, élevé à la dure mais limite sur la sécurité, ses ailes du désir l’ont perdu dans l’éther de la haute altitude. Deux décennies après, trois alpinistes ont grimpé dans sa trace. Et son portrait est enfin brossé, par François Carrel. Itinéraire d’un “homme de tête”.

C’est le dernier à l’avoir vu vivant. Ils n’avaient pu aller plus haut, ce 11 octobre 1992, à 7400 m d’altitude. Jean-Christophe Lafaille voit le point d’amarrage de leur rappel – un simple friend – lâcher et Beghin partir, tête tournée vers le ciel, regard figé, déjà sur les rives de l’au-delà : « Ses yeux sont là qui me transpercent ! » Lafaille mit alors « un visage sur la mort ». L’ingrate qui allait le cueillir, au Makalu, 11 ans après, happé par cette même attraction pour l’Himalaya en style alpin, sans artifice. Et sans filets, inspiré par son mentor. Les clés du destin de Beghin sont dans sa fin. Un itinéraire brisé dans la face sud de l’Annapurna, mythe persistant, avant qu’à l’automne dernier, un soliste suisse et une cordée française achèvent cette voie interrompue, non sans péril. Elle restera la “Lafaille-Begin”, dans les tablettes de l’Histoire.

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Avec moins de déveine, il aurait pu être l’égal d’un Messner. « Lui n’avait pas ce sens de la séduction, ne savait pas se vendre », relève son biographe inspiré. N’empêche, son début de notoriété vaut au peu expansif Beghin d’être courtisé. Par tradition républicaine, il s’occupe de son village. La politique l’intéresse. Gloire régionale des années 80, il se range derrière l’étoile montante du RPR : Alain Carignon. Un Carignon aujourd’hui en larmes à la simple évocation de son patronyme. Ce nom de Beghin, au fronton d’un lycée de Moirans, emblématique de l’alpinisme grenoblois. Mais tombé dans l’oubli auprès du public qui ne comprend pas que l’on puisse mourir pour un sommet.

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Arête sud-ouest du Daulaghiri (8167m) avec Jean-Noël Roch

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