On a lu « La folle histoire du trail » de Jean-Philippe Lefief

Il est de coutume de dire qu’un véritable passionné parlant de sa passion est aussi intéressant pour les adeptes de sa discipline que pour les béotiens. Jean-Philippe Lefief ne fait pas exception à cette règle. Certes, sa jolie plume de journaliste de l’agence Reuters l’a sans doute aidé. Mais, au-delà du style, son livre est rendu intéressant car il est le récit d’un fou : un type tellement obsédé par le trail qu’il en connaît tous les secrets et toute l’histoire dans les moindres détails. Pourtant, c’est s’attaquer à l’écriture d’un tel livre c’est un peu comme vouloir courir l’UTMB,  cela semble décourageant au premier abord.

« homo-sapiens est un coureur de fond plus que n’importe quelle autre espèce »

En revanche, le lire s’apparente à un petit footing matinal à faible allure. Le style est soigné, l’humour omniprésent et le fond (on ne va pas se mentir, c’est d’abord ce qu’on attend d’un tel livre) intéressant autant pour les ultrafondeurs que pour les autres. Lefief mêle habilement son histoire personnelle avec l’histoire de la course en pleine nature. Il nous apprend ainsi pourquoi homo-sapiens est le meilleur coureur de fond de toutes les espèces de la planète. En retraçant chronologiquement l’histoire des hommes, à travers la course à pied, l’auteur arrive presque à nous faire croire que le course est le fondement de tout : de l’évolution des espèces terrestres, des guerres gagnées (ou perdues) et même de la lutte des classes. Mais, il n’a sans doute pas tort. La culture, le sport et la politique ont toujours été entremêlées.

« Lefief préfère de loin mettre en avant la solidarité entre tous ces masochistes qui s’entraident jusqu’à la ligne d’arrivée »

Pourtant, sa passion exacerbée empêche parfois l’auteur de s’attarder sur les dérives de son sport. S’il pointe du doigt la disparition du côté amateur des premières courses en nature au profit de gros évènements commerciaux, il ne s’attarde guère sur plusieurs autres aspects désagréables qu’on aurait aimé mieux comprendre. Par exemple, la soif de reconnaissance qui poussent des coureurs à participer à des courses de plus en plus extrêmes pour le seul plaisir de montrer leur tee-shirt de finisher sur les réseaux sociaux. Lefief préfère de loin mettre en avant la solidarité entre tous ces masochistes qui s’entraident jusqu’à la ligne d’arrivée. Mais, ce portrait idyllique de l’ultrafondeur compagnon de galère ne résiste pas longtemps à l’observation des lignes de départ des ultratrails. Malgré cela, on veut bien croire qu’il existe une part (espérons importante) d’aventuriers, tels « une nué de guêpes dans un champ de melon » pour paraphraser l’auteur,  pour qui ces épreuves sont une vraie expérience humaine et qui recherchent avant tout une liberté totale, celle dont le vingt-unième siècle est en train de nous priver.

Nous avons aimé

  • L’histoire vue par le prisme de la course à pied : Insolite et instructif
  • L’humour de l’auteur qui rend la lecture plaisante

Nous avons moins aimé

  • Le portait un peu trop fantasmé de l’ultrafondeur épris de liberté
  • La fin du livre qui énumère les différents palmarès des coureurs connus ce qui n’a pas trop d’intérêt

Infos pratiques

  • Titre : La folle histoire du trail
  • Auteur : Jean-Philippe Lefief
  • Type : Documentaire historique
  • Editions : Guérin
  • Prix de vente : 25€
  • En vente chez Arthaud ou directement chez Guérin

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