« Oui l’héliski, c’est possible ! », c’est le titre d’un article du Dauphiné Libéré paru ce printemps sous la plume d’Antoine Chandellier (Lire ici). L’auteur présente comment est contournée l’interdiction de cette pratique en France : « saute frontière » (la Suisse et l’Italie permettent la dépose sur certains sommets) ou « reprise légale » (vous montez au sommet en remontée mécanique, descendez un versant vierge, et êtes récupéré en bas du hors-piste par un hélico). Cet article se veut informatif ; il n’en fait pas moins la promotion (dons le sens où il fait connaître la possibilité) de la pratique. Promotion qu’on retrouve de manière beaucoup plus franche dans nombre de publications cet hiver, en particulier dans les journaux gratuits distribués sur les vols desservant les Alpes (lignes régulières, comme sur British Airways, mais aussi vols low costs).
Le message véhiculé est clair et se résume ainsi : « on vous a menti : l’héliski est possible de manière légale en France ». Beau contournement de l’esprit de la loi qui, il est vrai, n’interdit pas formellement l’héliski mais édicte que « Dans les zones de montagne, les déposes de passagers à des fins de loisir par aéronef sont interdites sauf sur les aérodromes dont la liste est fixée par l’autorité administrative. » On n’écrit en effet pas le mot « héliski » dans une loi française… mais on prend les dispositions qu’on pense suffisantes pour s’affranchir des nuisances (bruit surtout, pollution également) qui pèsent sur un environnement de montagne fragile, particulièrement en hiver.
Las, les opérateurs de sociétés d’hélicoptères auront vite trouvé le biais en proposant reprise en bas de versant ou dépose à l’étranger. Le moteur de recherche du site Internet de France Montagnes vous permet de choisir votre séjour en fonction de vos centres d’intérêt. 23 stations proposent la pratique de l’héliski, de A comme Avoriaz à V comme Vars…
Cela se faisait relativement discrètement, n’étaient quelques manifs organisées de temps à autres par MW en partenariat avec d’autres associations pour dénoncer cette transgression de l’esprit de la loi et les nuisances ainsi créées. Cet hiver, la promotion de cet « héliski à la française » s’est « décomplexée » ! Au point qu’un ancien préfet, mais également ancien directeur de l’École Nationale de Ski et d’Alpinisme, Marcel Pérès, pousse un « coup de gueule » contre la transformation des Alpes en « un Luna Park pétaradant ! » (Le Dauphiné Libéré du 2 mai 2014). Pour ce signataire de l’Appel pour nos montagnes, « On ne saurait admettre en aucune façon, alors que les préoccupations environnementales ont de plus en plus droit de cité, que le plaisir égoïste de quelques-uns vient remettre en question et déranger, voire perturber gravement, les dernières zones de sérénité et de tranquillité pour la nature et les hommes, plus que jamais peau de chagrin… ». Merci Monsieur le préfet, pour ce soutien !
Vous pourrez vous aussi manifester votre envie d’une montagne de silence en participant le 15 juin prochain au rassemblement organisé Mountain Wilderness dans le massif du Mont-Blanc Plus d’infos