Parc National des Pyrénées : Introduction des bouquetins ibériques

Grâce à un financement public et privé ce sont aujourd’hui soixante-trois bouquetins ibériques qui évoluent dans les montagnes du Parc national des Pyrénées.

Chiva, le 25 août 2015

Lâchés sur le site du Clôt sur les hauteurs de Cauterets, trente-huit femelles et vingt-cinq mâles, constituent désormais un noyau d’individus qui ont su rapidement rétablir les comportements naturels de l’espèce sur ce nouveau et vaste territoire de la Commission Syndicale de la vallée de Saint-Savin.

L’organisation sociale, un pilier de la réussite de l’implantation d’une population

Animaux grégaires, les bouquetins vivent le plus souvent au sein de groupes dont la composition et le nombre évoluent au fil des saisons.

Grâce aux observations visuelles et aux signaux émis par les colliers GPS et VHF dont sont dotés quarante-six bouquetins, les suivis réalisés par les agents du Parc national, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et du Gouvernement d’Aragon montrent que des groupes de femelles et des groupes de mâles, se sont constitués dès la fin de l’été 2015. Les massifs de Péguère, du Barbat et du Piarrouy ont été particulièrement appréciés.

Le rut, une affaire de patience pour les mâles

A l’automne, la période du rut entraîne une plus grande mixité sociale. Les mâles se répartissent au sein des groupes de femelles.

Rut entre Pedro et lena

Ils sont, à cette occasion, mis à l’épreuve par les femelles sur les falaises les plus escarpées. Pour les séduire, la queue relevée, ils couchent leurs cornes sur les flancs afin d’effacer tout signe d’agressivité. Ils battent de la langue et donnent de petits coups de pattes avant sur le sol pour inciter les femelles à l’accouplement. Parfois, deux mâles d’égale puissance en viennent à se confronter pour assoir leur suprématie dans des bruits sourds de cornes qui s’entrechoquent.

La période du rut s’étale sur deux mois environ. Après cent soixante-cinq jours de gestation environ, entre avril et juin prochains, de nombreux cabris viendront, on l’espère, renforcer la population.

Dix-huit mois après son lancement, la réintroduction du Bouquetin ibérique au Parc national des Pyrénées semble très bien engagée. La colonisation de l’espace montagnard et l’organisation sociale constatés chez la jeune population sont autant d’indicateurs positifs augurant de la réussite du projet.

Identifier pour mieux sauvegarder

Lors des opérations de réintroduction, tous les individus ont été équipés de marques visuelles (codification couleur individuelle : colliers et/ou tags auriculaires) excepté la petite Chiva née en mai dernier.

Groupe au lac du Pourtet le 16 août 2015

Quarante-six d’entre eux sont également équipés d’un dispositif de localisation :

– 21 sont équipés de colliers VHF (Very High Frequency) : ondes radioélectriques émises par un collier et captées à l’aide d’un récepteur manipulé par un agent.

– 25 sont équipés de colliers GPS (Global positionning system) : localisation satellitaire des individus équipés. Un 26ème bouquetin avait été équipé d’un collier. Cependant pour des raisons techniques (panne de batterie) celui a dû être enlevé à distance grâce au système drop off équipant les colliers.

Grâce à ces technologies, il est possible d’obtenir d’importants renseignements sur les déplacements, les limites territoriales, l’interaction entre les différentes populations, les zones de reproduction et d’hivernage, les taux de reproduction et de survie, la consommation de nourriture et les autres comportements, car l’on peut situer et/ou observer chaque animal équipé.

Le marquage des animaux permet, d’une part, d’approfondir et d’améliorer les connaissances que nous avons sur l’espèce et d’autre part, de mettre en place des actions de gestion et de conservation adaptées.

L’avenir

Comme le prévoit le programme d’action élaborée par le Parc national des Pyrénées, de nouveaux bouquetins, seront réintroduits dès le printemps 2016,sur une zone favorable de la vallée de Luz Saint-Sauveur, près de Gèdre. Il s’agit de créer un nouveau noyau de population susceptible à moyen terme d’entrer en connexion avec le noyau de Cauterets et ainsi de favoriser une colonisation plus large de l’espace.

Pour être viable, une population doit compter environ deux cents animaux.

Jaim au repos le 9 novembre 2015

Informer et sensibiliser

La forte appropriation par le grand public du projet de réintroduction du Bouquetin ibérique dans les Pyrénées est facilitée par l’information et la sensibilisation. Pour ce faire, le Parc national des Pyrénées et le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises ont conçu une mallette pédagogique dédiée.

Reproduction de crânes avec cornes en tailles réelles, silhouettes, exposition composée de huit panneaux, livrets pédagogiques,… Des supports variés qui seront utilisés auprès du jeune public scolaire par les gardes-moniteurs du Parc national lors de projets pédagogiques comme auprès d’un public adulte lors de manifestations. Cette mallette complète les outils de communication déjà mis en place : dépliants, exposition temporaire, autocollant et prochainement le site internet dédié au Bouquetin ibérique.

De nombreuses animations à destination du grand public sont également réalisées par les gardes moniteurs.

Des projets pédagogiques sont également menés dans les écoles.

Les financeurs

Le financement de l’opération est à la fois public et privé.

Parmi les partenaires publics nous trouvons : l’Europe, l’Etat, la région Midi-Pyrénées, le commissariat au massif des Pyrénées, le département des Hautes-Pyrénées et le Parc National des Pyrénées.

Parmi les financeurs privés nous trouvons : EDF, le parc animalier des Pyrénées et plus de 200 parrains. En effet, le public peut participer au financement du programme d’introduction du Bouquetin ibérique en réalisant un don, même modeste, défiscalisable sur la plateforme de paiement sécurisée du site Web du Parc National des Pyrénées

A noter qu’une introduction similaire se réalise dans le Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariègeoises.

@Toutes les Photos sont de Jean-Paul Crampe

Laisser un commentaire

onze + 7 =