Patagonia proteste contre la construction de barrages en Patagonie chilienne

Armés de casseroles et de poêlons, 500 salariés ont participé à une manifestation « à la chilienne » devant le siège de la société à Ventura (Californie)

Quelque cinq cent salariés de Patagonia, le fabricant de vêtements bien connu pour son engagement écologique, ont participé à une manifestation pacifique en organisant une « casserolade » (cacerolazo) – une forme de protestation populaire pratiquée au Chili durant la période Pinochet où les citoyens frappaient des pots, casseroles et autres ustensiles de cuisine pour manifester bruyamment leur opposition au pouvoir. Les participants étaient là pour protester contre l’autorisation accordée par le
gouvernement chilien au projet d’une société multinationale visant à construire cinq énormes barrages au sud du Chili, la même région qui avait inspiré Yvon Chouinard à donner le nom de Patagonia à son entreprise.

Armés de caquelons, de poêles à frire et de casseroles, et faisant le plus de bruit possible, les salariés étaient venus exprimer leur solidarité avec les milliers de Chiliens descendus dans les rues cette semaine pour s’opposer au projet. Plusieurs récents sondages ont indiqué que 74% de la population étaient hostiles à la construction de ces barrages. On estime qu’entre 30 000 et 40 000 personnes ont défilé dans la capitale Santiago la semaine dernière pour clamer leur désaccord. Cette semaine, des milliers d’autres se réuniront au Chili pour participer à de nouveaux rassemblements. Les responsables de l’entreprise ont spontanément organisé cette manifestation au nom des liens qui unissent depuis si longtemps Patagonia à cette région qui lui a donné son nom.
Selon Rick Ridgeway, vice-président des affaires environnementales de Patagonia : « Cela équivaudrait à construire un barrage de la taille de Hoover Dam à l’entrée même de la vallée de Yosemite ». Il ajoute : « Il ne s’agit pas ici pour nous, en tant qu’entreprise nord-américaine, de chercher à dicter sa conduite au Chili, mais plutôt de demander à son gouvernement démocratiquement élu de respecter la volonté de la majorité de sa population, qui soutient qu’il existe d’autres solutions moins dommageables. »

Voilà plus de 40 ans que se sont noués des liens profonds entre Patagonia et cette région. Il y a une trentaine d’années, Yvon Chouinard, son fondateur, avait déjà l’habitude de s’y rendre en compagnie d’autres salariés pour y discuter de l’orientation de l’entreprise, lors de randonnées à travers la région, tout en apprenant à mieux la connaître. Plus de 70 salariés ont été envoyés en mission en Patagonie pour une mission de restauration de l’environnement et la société a contribué pour plus de 2,4USD millions à la protection de cette contrée à cheval entre le Chili et l’Argentine. En Europe, Patagonia soutient également la campagne de l’ONG italienne ‘CRBM – Mani Tese’ qui dénonce la responsabilité de son pays dans la promotion de ce projet néfaste.

Il ne fait aucun doute que celui-ci détruirait irrémédiablement la personnalité même de l’une des régions les plus sauvages du Chili – qui a donné son nom à notre société et inspiré nos efforts permanents pour mettre à profit nos activités commerciales pour protéger et préserver la nature. Cette partie du Chili méridional est considérée comme l’une des toutes dernières grandes régions vierges de la planète. Grâce à sa faune unique, ses fjords sculptés par les glaces et l’absence quasi-totale de développement industriel, elle est qualifiée de ‘véritable joyau écologique’.
La population chilienne s’oppose également aux lignes haute tension nécessaires pour transporter l’électricité jusqu’aux exploitations minières situées 2 000 km plus au nord. Ces lignes seraient portées par des pylônes de plus de 60 mètres de haut, dans un corridor sinueux d’environ 120 m de large. Elles traverseraient 64 communautés et 14 zones protégées, couperaient à travers plusieurs forêts déjà menacées ainsi que quelques-uns des parcs nationaux les plus spectaculaires du Chili, les mettant gravement en péril. Ce projet favoriserait en outre la construction de nouveaux barrages au nord de la Patagonie.

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