Pour skier, ils escaladent la montagne à vélo

Associer vélo et ski, voilà une idée qui peut paraître audacieuse. Pourtant, cette pratique appelée vélo-ski gagne en popularité chez les passionnés de montagne sensibles à l’écologie. À Grenoble et dans ses environs, de plus en plus de sportifs choisissent ce moyen de transport atypique pour limiter leur empreinte carbone tout en profitant des sommets enneigés. Si cette démarche demande une bonne condition physique et une organisation minutieuse, elle séduit par son esprit de défi et sa démarche durable.

Une première tentative qui ouvre la voie

Skier après une escalade la montagne à vélo

Kelly Lavigne, une Grenobloise de 31 ans, s’est aventurée pour la première fois dans le vélo-ski au printemps 2022. En solo, elle a relié sa maison au sommet de Chamechaude, le point culminant du massif de la Chartreuse. Avec ses skis fixés sous sa selle, elle a pédalé sur 15 kilomètres de route, grimpant 1 100 mètres de dénivelé avant de chausser ses skis pour affronter les 760 mètres supplémentaires dans la neige.

« J’ai décomposé l’effort en étapes de quinze minutes. Finalement, c’est passé plus vite que je ne l’imaginais », raconte-t-elle. Une fois au sommet, à 2 082 mètres d’altitude, la vue imprenable sur Grenoble et les massifs environnants a récompensé ses efforts. « La descente, c’était que du plaisir ! »

Une pratique qui séduit un public grandissant

Escalade la montagne à vélo

Inspirés par des passionnés comme Kelly, d’autres se lancent dans l’aventure. Un groupe de Grenoblois a même organisé un événement Facebook intitulé « Samedi, c’est vélo-ski », attirant l’intérêt de 347 participants, bien au-delà de leurs attentes. Cette mobilisation témoigne de l’intérêt croissant pour des alternatives écologiques dans les sports de montagne.

Jean-Éric Mesmain, réparateur de vélos à Grenoble, a lui-même conçu des équipements pour faciliter le transport des skis à vélo. « J’avais essayé, mais les skis tapaient contre ma jambe. J’ai décidé de fabriquer un support adapté. » Cette créativité reflète l’engouement local pour le vélo-ski.

Une niche sportive en pleine expansion

Escalade la montagne à vélo avant le ski

Si cette pratique reste marginale, elle attire un public spécifique : des sportifs engagés et soucieux de réduire leur impact environnemental. Selon Louis Didelle, membre de l’association l’Escarpade, ces Grenoblois sportifs et écologistes participent aussi à des événements de sensibilisation pour promouvoir les mobilités douces en montagne.

Cependant, ce choix demande un véritable engagement. Les défis logistiques, comme le transport du matériel ou le dénivelé à gravir, peuvent décourager les moins motivés. « Certains ne veulent pas s’embêter, car cela demande une préparation et une organisation plus poussées », note Rémy Heliot, militant pour une montagne plus écoresponsable.

L’impact écologique du ski en question

Dans un contexte de réchauffement climatique, où les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que le reste du territoire français, la mobilité douce en montagne devient une problématique majeure. Selon une étude menée en 2009, 57 % des émissions de gaz à effet de serre liées au ski proviennent des transports vers les stations. Les initiatives comme le vélo-ski permettent donc de limiter cet impact tout en réinventant la manière d’aborder la montagne.

Des initiatives pour encourager le changement

Des associations locales, comme l’ADTC — Se déplacer autrement, organisent des concours et des ateliers pour promouvoir ces pratiques alternatives. Les données recueillies lors de ces événements sont également transmises aux élus locaux pour encourager l’amélioration des transports en commun en montagne.

Certaines figures du sport, comme Pierre Gignoux, pionnier du vélo-ski en France, ou Roeland van Oss, guide de haute montagne, s’efforcent aussi de montrer l’exemple. En 1931 déjà, les frères Schmid gravissaient la face nord du Cervin après un trajet… à vélo depuis Munich ! Ces exploits rappellent que la performance et l’écologie peuvent aller de pair.

Redécouvrir la montagne autrement

Le vélo-ski ne se limite pas à une simple discipline sportive. C’est aussi une philosophie qui valorise le localisme et l’effort collectif pour préserver nos montagnes. Avec de plus en plus d’initiatives et un public grandissant, cette pratique pourrait bien redéfinir notre rapport aux sommets et inspirer d’autres formes de mobilités durables.

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